“JULES GILLIÉRON (1854-1926)” in “Portraits of Linguists: A Biographical Source Book for the History of Western Linguistics, 1746-1963, V. 2”
JULES GILLIÉRON (1854-1926)
Jules Gilliéron
Mario Roques
NOTES BIOGRAPHIQUES
La vie de Jules Louis Gilliéron est liée à celle de l’École des Hautes Études, à laquelle il a appartenu, au sens le plus plein du mot, comme élève et comme professeur, pendant cinquante années, de novembre 1876 à avril 1926. La pensée de Gilliéron s’est constamment renouvelée et grandie dans son activité de professeur ; son enseignement s’est enrichi sans cesse de ses patientes enquêtes, de ses longues et pénétrantes méditations et de son admirable effort de création scientifique ; son titre de directeur d’études à l’École lui a toujours paru le plus glorieux et le seul enviable.
Gilliéron était arrivé à Paris au début de l’année scolaire 1876-77. Il allait avoir 22 ans, étant né, à Neuveville (Suisse), le 21 décembre 1854. Il avait étudié jusque là à l’Académie de Neuchatel, d’où il était parti licencié en 1875, et à Bâle, où il s’était enthousiasmé aux leçons de Jacob Burckhardt et beaucoup moins à celles de Nietzsche ; mais il avait surtout subi deux influences : celle de Jules Cornu, professeur de philologie romane à Bâle, et celle de son propre père, Jean Victor Gilliéron. Celui-ci, vaudois d’origine, était alors professeur de langue française à Bâle. C’était un homme de devoir, rigoureux et simple, mais c’était aussi un savant de mérite, qui avait fait de la géologie son étude de prédilection et auquel la Suisse doit une partie de sa carte géologique. Il avait pris ses fils comme aides et collaborateurs dans ses excursions de recherche géologique : c’est à son école que Jules Gilliéron s’est formé aux minutieuses enquêtes sur place, aux pénibles tournées d’exploration, et qu’il a acquis le sens de l’adaption des faits au terrain et, selon son expression, ‘de l’importance du point de vue cartographique’. Jules Cornu était un bon philologue, mais surtout un excellent dialectologue, connaissant parfaitement les parlers de la Gruyère, très près du peuple et de son esprit et, tout comme Gilliéron, beaucoup plus soucieux des réalités de langage populaire que de théories linguistiques ou historiques. C’est Cornu qui envoya Gilliéron à Gaston Paris. Pendant l’année 1876-77, Gilliéron est, à l’École des Hautes Études, l’élève de Gaston Paris, d’Arsène Darmesteter, de Louis Havet, en même temps qu’il suit à l’École des chartes l’enseignement de Paul Meyer, mais, par la suite, c’est à Gaston Paris qu’il s’attacha, comme il savait s’attacher à ceux qu’il aimait. En 1877, il entreprend comme thèse, pour le diplôme de l’École, l’étude du patois de Vionnaz, qui est reçue favorablement le 20 avril 1879.
Entre temps, Gilliéron était devenu professeur d’allemand au collège Chaptal, où il mit en pratique pour ses lourdes classes de candidats à Saint-Cyr ou à l’École Polytechnique une sorte de méthode directe de son invention. Nous avons un témoignage de cet enseignement pratique et vivant dans un curieux et utile recueil de fac-similés d’écritures allemandes (Bibliographie, 36) où Gilliéron a réuni — à ses frais, bien entendu — une large collection de lettres familières ou d’affaires, de notes, de factures, de correspondances d’illettrés, etc.
Le 14 janvier 1883, le Conseil de la 4e section de l’École désigna Gilliéron pour remplacer Arsène Darmesteter. Voici le procès-verbal de cette élection :
SÉANCE DU 14 JANVIER 1883
M. A. Darmesteter attend sa nomination officielle à la Faculté des Lettres comme professeur et demande d’être remplacé à l’École par M. Gilliéron, auteur d’une très bonne étude sur le patois de Vionnaz.
L’Assemblée, consultée, émet les vœux suivants:...
2° que M. Gilliéron remplace M. Darmesteter...
M. Bréal désire, d’accord avec M. Dumont, que la conférence de M. Gilliéron ait un caractère nouveau. M. Darmesteter continuera à faire à la Faculté ce qu’il faisait à l’École. M. Gilliéron pourrait faire des conférences sur la dialectologie.
La proposition de Michel Bréal fut adoptée par la section et, dès février 1883, Gilliéron commença cet enseignement de la dialectologie de la Gaule romaine qu’il devait poursuivre pendant 43 ans et qu’il n’interrompit guère que quelques semaines avant sa mort. La série des rapports de Gilliéron sur sa conférence est d’un haut intérêt pour l’histoire du développement de son esprit. Je ne citerai en note que le premier de ces rapports parce que l’on y voit déjà les préoccupations géographiques intimement mêlées à l’étude historique.1
Il fallut à la modestie et aux scrupules de Gilliéron trois années d’expérience et les encouragements répétés de Gaston Paris, pour qu’il se convainquît qu’il n’était pas indigne de l’honneur que lui avait fait l’École et que, vraiment, il lui rendait quelque chose de ce qu’il avait reçu d’elle. En 1886, un peu rassuré à ce sujet — mais le fut-il jamais complètement ? — il se décida à rester en France et à redevenir Français. II était en effet né en Suisse de parents suisses, mais il n’en était pas moins d’origine française : il descendait par sa grand’mère paternelle d’une famille dauphinoise réfugiée à Genève au début du XVIIIe siècle pour cause de religion. Il revendiqua, comme le lui permettait la loi du 9 décembre 1790, la qualité de Français.2
La vie de Gilliéron est dès lors exactement retracée par la bibliographie de ses travaux ; il est facile de distinguer dans cette dernière deux parties, avant et après l’Atlas (nos 1-36 et 37-65) ; et, de même, la vie intellectuelle de Gilliéron a revêtu deux aspects fort différents. Jusqu’en 1895 environ, ce sont pour lui des années d’apprentissage et de tâtonnement, et, comme il arrive pour tant de savants, un mélange d’acceptation des dogmes et des routines, d’innovations et de critique. C’est la période des enquêtes patoises ou folkloriques ardemment menées en France et en Suisse romande, des constatations délicates, mais fragmentaires, de l’élaboration d’une bonne méthode d’enquête et d’un bon système de transcription et, dans l’enseignement de Gilliéron, c’est la combinaison des données disparates fournies par les dictionnaires patois, les chartes anciennes, les enquêtes antérieures, les renseignements personnels, etc.... C’est le temps aussi où Gilliéron espère voir se lever une masse de travailleurs attachés à l’étude des patois ; c’est l’époque où il fonde avec l’abbé Rousselot la Revue des Patois gallo-romans (1887-1893), où il attend la réponse des patoisants à l’appel de Gaston Paris.3
Mais peu à peu, dans son esprit, les vérités se font jour. En gros, les matériaux dialectologiques dont on dispose ne valent rien : mots ou formes peu sûrs, sans précision de lieux, de temps, de circonstances, de valeur, recueillis dans des conditions si diverses qu’ils sont rarement comparables entre eux. Au mieux, ce sont des matériaux de dictionnaire qui viennent compléter les dictionnaires de langue littéraire ; dictionnaire, cimetière : on ne fait pas un tableau de la vie avec les noms des épitaphes. Et quelle aberration que de ne pas demander aux parlers vivants, en action, ce qu’ils sont seuls à pouvoir donner : le secret de la création, de la fonction linguistique ! Justement, c’est ce que Gilliéron sent se dégager de ses longues enquêtes, cette notion de la vitalité du parler, de l’activité intellectuelle et des préoccupations sociales du parlant. Sous la formule d’enquête descriptive de Gaston Paris, il met de plus en plus la recherche des ‘ferments de la matière linguistique.’4 D’ailleurs, de quelque manière qu’on comprenne l’appel de Gaston Paris, qui donc y a répondu ou se prépare à y répondre ? Qu’a-t-on recueilli jusqu’ici que des bribes ? En fait, on connaît des sons, des formes, des mots patois, on ne sait rien du patois, du langage de la France, et cependant les patois poursuivent ‘leur marche vertigineuse vers l’abîme.’5
Gilliéron prend une décision : il fera seul ce que les autres ne font pas, une enquête, réduite sans doute, mais qui sera du moins dirigée par un seul esprit, menée avec une seule méthode : enquête synchronique, sur des points multiples permettant d’établir des aires, témoignages fixés comme par une photographie instantanée de la pensée et de son expression et publiés sans retouche. Ce sera l’Atlas linguistique de la France. Pendant des mois, Gilliéron élabore son questionnaire, étudie le terrain, établit les régions de sondage, détermine et perfectionne l’instrument d’enquête, son fidèle collaborateur E. Edmont. En 1897, l’enquête pouvait commencer. Mais en même temps commence pour Gilliéron la dure vie du réalisateur, obligé de trouver des concours et des ressources. Par bonheur, Gaston Paris était là. Laissons Gilliéron parler lui-même de son maître bien-aimé : ‘Nous devons proclamer bien haut que sans lui (Gaston Paris), l’Atlas n’existerait pas. C’est lui qui a plaidé notre cause auprès du Gouvernement. Dans quels termes ? Nous ne le savons. Mais au ministère, on nous a accordé, sans la moindre hésitation, tout ce que nous avons demandé.’ Disons tout de suite que Gilliéron ne demandait rien pour lui et que les dépenses de l’enquêteur Edmond étaient réduites au strict minimum. Encore fallait-il publier l’Atlas et il n’est que juste de rappeler ici les noms d’Honoré Champion et des frères Protat, Jules et Georges : le premier eut le courage d’éditer l’œuvre parce qu’il s’agissait de choses de France, les autres, par amour du passé français, du terroir provincial et aussi des difficultés de métier, créèrent pour l’Atlas tout un atelier spécial.
Ce serait mal connaître Gilliéron que d’imaginer qu’il ne donnait à son œuvre que son intelligence et sa force. J’ai dit qu’il était depuis 1879 professeur à Chaptal. Cette fonction lui assurait des ressources presque indispensables, étant donné la maigreur des traitements à l’École, mais il les payait de son temps, ce temps qui ne lui appartenait plus, qu’exigeait tout entier l’énorme besogne matérielle de l’Atlas: dépouillement et transcription des 639 cahiers d’enquête d’Edmond, établissement (souvent recommencé), puis correction et vérification de 1.920 cartes, etc. ; Gilliéron donna, dès 1897, sa démission du collège Chaptal. Il ne lui restait qu’à simplifier encore sa vie déjà si simple.
A partir du milieu de 1902, les livraisons de l’Atlas se succèdent. De toutes parts on loue l’admirable effort de Gilliéron, mais à beaucoup d’esprits, des meilleurs, de ceux qu’il tenait en plus grande estime, le sens et la portée de l’œuvre échappent. Des jugements rapides, mais sévères, courent de bouche en bouche. Gaston Paris en eut des échos qui l’attristèrent, alors que sa santé compromise ne lui permettait plus de faire lui-même son opinion.6 Gilliéron ressentit de ces jugements sommaires une peine très vive, puis il se révolta. Au fond des révoltes de Gilliéron, de ses duretés de forme, de ses blâmes les plus tranchants, il y a surtout de la modestie : je n’ai jamais bien réussi à lui faire admettre que des hommes qu’il jugeait plus savants, plus largement instruits que lui, aient pu ne pas comprendre clairement ce que lui-même avait aperçu avec certitude. Il faut se souvenir de cet état d’esprit de Gilliéron et des amertumes des débuts de l’Atlas, pour comprendre la partie polémique de son œuvre et le ton de certains de ses articles de 1904 ou des dernières années de sa vie.
Il se forma heureusement auprès de Gilliéron, dès l’apparition de l’Atlas, un petit groupe d’amis, et bientôt après, un groupe d’élèves.7 Avec les premiers, il commença vraiment à dégager des matériaux de l’Atlas, des constatations et des conclusions. Je ne voudrais pas insister sur la collaboration de Mongin et de moi-même avec Gilliéron : ce fut, pendant des mois, une longue réflexion à deux ou à trois sur les données apportées par Gilliéron, une curieuse lutte, à la fois intime et commune, pour nous détacher des anciens points de vue, pour libérer notre raison des cadres jusqu’alors acceptés, pour tirer de l’Atlas, et pour mesurer, les conclusions possibles. Malgré la dissemblance de nos esprits et malgré des désaccords souvent longs à concilier, nous étions arrivés à penser dans les mêmes formes. Telle idée, telle présentation métaphorique qui paraît du plus pur Gilliéron est de l’un de ses collaborateurs.8 Ces années de travail en commun de 1905 à 1910, la préparation de son enseignement désormais fondé sur l’Atlas, seul témoignage sûr, et surtout un effort intense de réflexion, ont permis à Gilliéron de prendre une conscience plus nette des principes d’explication linguistique qu’il appliquera par la suite, non seulement à l’étude des dialectes, mais aussi à l’examen du français commun et de la langue littéraire elle-même.
Le dernier volume de Gilliéron est de 1923. Il avait accumulé depuis lors, des constatations et des réflexions pour de nouveaux articles.9 Mais, à diverses reprises, il avait déjà ressenti les atteintes d’un mal incurable dont on a pu heureusement lui cacher jusqu’à la fin le redoutable caractère. Il n’avait cependant interrompu son enseignement que de façon passagère. Au début de 1926, il dut s’arrêter. Sa plus cruelle angoisse, au milieu des douleurs physiques, était de manquer à son devoir envers l’École. Il fallut une manière d’ordre amical du secrétaire de l’École pour vaincre ses scrupules et l’obliger à partir, dès le printemps, se reposer en Suisse. Il y est mort doucement, à Cergnaux-sur-Gléresse, le 26 avril 1926.
De l’activité scientifique de Gilliéron je dirai seulement qu’elle commence à peine à porter ses fruits dans les esprits des jeunes linguistes, mais qu’elle a déjà suscité en France, en Catalogne, en Suisse, en Italie, des enquêtes linguistiques d’importance capitale et qu’elle a donné à l’enseignement de l’École des Hautes Études un éclat qui sera pour celle-ci une gloire. De l’homme, je veux rappeler ce qu’il y avait de bonté, de tendresse et d’ardeur sous sa rude et raide apparence de vigoureux montagnard, et ce qu’il y avait dans son âme de droiture et de pureté, de passion pour la vérité, de respect de la science et d’amour pour notre pays.
CONFERENCES DE M. GILLIERON
...’ Dans le second semestre, M. Gilliéron a fait deux conférences :
‘Celle du vendredi a été consacrée à la lecture et à l’étude de la langue des chartes publiées par M. Raynaud. On a dressé le tableau des caractères phonétiques et morphologiques qui distinguent dans la seconde moitié du XIIIe siècle la langue du Ponthieu de celle de l’Ile-de-France. On aurait dû en laisser obscur ou incomplet plus d’un point, si l’on n’avait eu recours à une autre source d’informations, dont l’étude formait l’objet de la seconde conférence.
‘La conférence du lundi a été consacrée à l’étude des variations dialectales telles que les présente actuellement le Ponthieu. Se basant uniquement sur des matériaux recueillis sur place, dans plus de 20 villages de cette contrée, par le maître de conférences, et mis à la disposition de tous les élèves et auditeurs, on a commencé par établir les lois phonétiques du langage de Cayeux-sur-Mer, puis on a recherché, sans toutefois sortir des limites du Ponthieu, l’extension géographique des caractères inconnus au français.
‘Cette étude a permis, d’une part, d’élucider plus d’un point obscur du tableau dressé dans la première conférence, de faire la part exacte des diverses influences étrangères auxquelles étaient sujets les scribes des chartes du XIIIe siècle, d’autre part, de reconnaître les diverses transformations qui se sont opérées sur le sol du Ponthieu depuis le XIVe siècle jusqu’à nos jours, et qui ont donné à son langage une très grande variété. L’étude de ces dernières a fourni l’occasion d’exposer des vues générales sur la répartition des faits phonétiques dans le domaine galloroman, la nature de l’influence du français et de certains centres linguistes sur les patois. On a tout particulièrement insisté sur les façons de procéder dans le relevé des variations dialectales d’une contrée.
‘Ces deux conférences, qui avaient pour but de poursuivre la langue romane du Ponthieu dans toutes ses modifications successives, depuis l’époque latine jusqu’à nos jours, en utilisant toutes les ressources dont on dispose, ont été suivies avec intérêt par tous les élèves et auditeurs, et tous ont pris une part active aux travaux.’
[Ces élèves étaient :]
‘Grand, Langlois, Bonnier, Tissier, élèves de l’École des chartes ; Lemaire ; Sudre, agrégé de grammaire ; Bianu (roumain) ; Fath, Ubhoff (allemands) ; Van Hamel (hollandais) ; Matskassy (hongrois) ; Muret, Rey, Taverney (suisses) ; Todd (américain)’.
CANTON DE GENÈVE
ARCHIVES D’ÉTAT
Genève, le 8 mai 1886.
Je soussigné, archiviste d’État, certifie que M. Jules Louis Gilliéron, maître de conférences à l’école des Hautes Études à Paris, est né à Neuveville (canton de Berne) le 21 décembre 1854, de Jean-Victor Gilliéron et de Méry Ganty, mariés à Zurich le 25 février 1849. Que Jean-Victor Gilliéron est né le 25 novembre 1826 à Plainpalais, près Genève, de Bernard Gilliéron et de Jeanne-Françoise Noyer. Que Jeanne-Françoise Noyer est née à Puplinges le 16 avril 1803 de Jacques Noyer, domicilé dans cette commune, et de Françoise Vindret. Que d’après l’acte de décès de Jacques Noyer, mort le 15 mai 1840 à Genève, il constate qu’il était fils de Jean-Étienne Noyer et de Marie Andra, mariés à Genève le 10 décembre, 1758. Que Marie Andra naquit le 28 novembre 1737 de Jean- Antoine Andra, habitant de Genève, et de Jeanne-Salomé Hotier. Que Jean- Antoine Andra, fils d’André, était natif de la ville de Crest en Dauphiné, et réfugié à Genève pour cause de religion. Qu’il avait été reçu habitant de Genève le 14 janvier 1737 en satisfaisant à la Bourse française, instituée à Genève pour le soulagement des Français réfugiés pour cause de religion.
L. DUFOUR,
archiviste d’État.
PRÉFECTURE DU DÉPARTEMENT DE LA SEINE
L’an mil huit cent quatre-vingt-six, le treize mai, devant nous Edme-Georges- Léon Cosnard, chevalier de la Légion d’honneur, officier d’Académie, maire du dix-septième arrondissement de Paris, a comparu : Jules Louis Gilliéron, né à Neuveville, canton de Berne (Suisse), maître de conférences à l’École des Hautes Études à Paris, demeurant rue Saussier-Leroy, 3 ; lequel nous a déclaré qu’étant né en Suisse de parents français expatriés pour cause de religion, il désirait profiter de l’article 22 de la loi du 9 décembre 1790 revendiquer la qualité de Français. De ce requis, nous avons enregistré la présente déclaration sur le vu d’un acte d’affiliation dressé par M. l’archiviste d’État à Genève, et en présence de Carles, Henri-Émile, professeur rue Claude Pouillet, 5, et Luck, Frédéric, professeur, officier de l’Instruction publique, rue Fontaine Saint-Georges, 31, qui ont signé avec le déclarant et nous après lecture.
GILLIERON, CARLES, LUCK et Leon COSNARD, Maire.
Source : Mario Roques, ‘Jules Gilliéron,’ in Bibliographie des travaux de Jules Gilliéron (Paris, 1930), pp. 3-13. By permission of Librarie Droz S. A., Geneva.
1 Rapport sur l’École pratique des Hautes Études section des sciences historiques et philologiques, 1882-1883, pp. 26-27. (See p. 72 for text of report.)
2 Voici l’acte d’affiliation qui établissait son origine et l’acte de revendication de nationalité : (follows on p. 72.)
3 Gaston Paris, Les parlers de France (Mélanges linguistiques, publiés par Mario Roques), p. 440 : ‘Il faudrait que chaque commune d’un côté, chaque son, chaque forme, chaque mot de l’autre, eût sa monographie, purement descriptive, faite de première main, et tracée avec toute la rigueur d’observation qu’exigent les sciences naturelles’ et p. 448 : ‘Que tous les travailleurs de bonne volonté se mettent à l’œuvre ; que chacun se fasse un devoir et un honneur d’apporter au grenier commun, bien drue et bien bottelée, la gerbe qu’a produite son petit champ’
4 Atlas linguistique de la France, Notice, p. 3.
5 Atlas linguistique de la France, Compte rendu, etc., p. 11.
6 Un article que j’écrivis à sa demande à la fin de 1902, pour le Journal des Débats, mais qui ne parut que le 4 février 1903, le rassura un peu.
7 L’on pourra s’étonner que les élèves et les collaborateurs de Gilliéron ne lui aient pas dédié, en témoignage de leur reconnaissance et de leur admiration, quelque recueil jubilaire. Ils en avaient eu le projet, et je transcris ici les premières lignes d’un appel qui fut lancé à la fin de l’année scolaire 1913-14 : ‘Un certain nombre d’amis et d’élèves de M. Jules Gilliéron seraient désireux de lui offrir à l’occasion de son soixantième anniversaire (21 décembre 1854) et de la trentième année de son enseignement à l’École des Hautes-Études (1883-1913) un recueil d’études de linguistique romane et spécialement de dialectologie galloromane’. Les réponses devaient être adressées à M. Roques ou à H. Maver, alors à Paris. La guerre a empêché ce projet d’aboutir.
8 Puisque l’on a récemment tenté un examen critique de certaines des études que j’ai signées avec Gilliéron, je dois dire qu’en particulier j’ai toute la responsabilité de la présentation des Mirages phonétiques (§ 1-4) et des réflexions sur les parlers en travail qui y sont jointes (§ 5, 1), ainsi que des conclusions sur l’homonymie, à la fin de l’étude XIII. — J’ajoute que, sans Gilliéron, notre ‘animateur’, nos réflexions ne nous auraient pas, peut-être menés très loin. Je garde quelque fierté d’avoir dès 1902 à une époque où je ne m’étais encore entretenu avec Gilliéron qu’une seule fois pour me faire raconter l’histoire de l’Atlas, en vue de l’article dont j’ai parlé plus haut, aperçu une minime partie des indications de la carte abeille. Mais qu’on compare cette maigre esquisse à ce que, 15 ans plus tard, Gilliéron a su tirer de l’Atlas pour sa Généalogie des mots désignant l’abeille!
9 Sans parler des matériaux que nous avions recueillis et déjà discutés, de 1907 à 1914, pour une série d’études nouvelles que la guerre nous a empêchés de rédiger : Gilliéron n’avait pas voulu les utiliser seul et il n’en a pris que quelques exemples et le titre que devait porter cette série.
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