“NICOLAS VAN WIJK (1880-1941)” in “Portraits of Linguists: A Biographical Source Book for the History of Western Linguistics, 1746-1963, V. 2”
NICOLAS VAN WIJK (1880-1941)
Nicolas van Wijk
(1880-1941) Kļarel] Horálek
Nicolas van Wijk, linguiste hollandais d’une renommée mondiale, professeur des langues slaves et baltiques à l’université de Leyde, est mort pendant l’occupation allemande le 25 mars 1941. Dans son activité multiple, dans laquelle les travaux slavistiques occupent une place prépondérante, il y a aussi des travaux byzantologiques qui ne sont pas d’une importance moins grande.
N. van Wijk, né le 4 octobre 1880 à Delden, avait étudié la slavistique d’abord en Hollande (l’érudition chez Uhlenbeck lui avait donné beaucoup d’initiatives), plus tard à Leipzig et à Moscou. Son intérêt se concentrait de plus en plus à la slavistique, malgré une certaine supériorité des travaux germanistiques dans son activité préuniversitaire. Pendant le temps, il approfondit ses connaissances en slavistique encore par quelques voyages dans les pays slaves. A l’université de Leyde, il occupait dès 1913 la chaire de slavistique qui avait été nouvellement fondée. La circonstance qu’il ne perdait jamais l’intérêt aux questions méthodologiques et qu’il savait s’ac- comoder à de nouveaux points de vue, avait une importance capitale pour le développement de son caractère scientifique. Van Wijk savait retenir toujours l’intérêt à la méthodologie et à la linguistique générale jusqu’à la fin de sa vie fertile. 11 était un des premiers linguistes à l’Ouest qui se proclamèrent à la collaboration avec le structuralisme de l’école de Prague. Il a contribué lui-même, par une série de travaux, à élaborer la linguistique structuraliste et a publié ensuite — en hollandais — une Introduction à la Phonologie (Phonologie, ‘S Gravenhage 1939).
Après l’arrivée à l’université de Leyde, il a concentré son intérêt d’abord aux questions balto-slaves. Son premier ouvrage plus grand concerne le vieux prussien (Altpreussische Studien 1918). Bientôt il s’est plongé dans la problématique compliquée des systèmes d’ac- cents et d’intonations en balto-slave et slave. C’est son ouvrage approfondi Die baltischen und slavischen Akzente und Intonations- sys է eme de 1923 par lequel il a contribué considérablement à la solution d’un nombre de questions et qui est le premier fruit de ce travail. Il s’est retourné au problème de la prosodie slave encore plusieurs fois par quelques articles publiés dans les revues scientifiques. Il s’est occupé aussi du système prosodique en serbo-croate et en kachoube.
Les travaux de Wijk touchant la question de la classification des langues slaves et de leurs relations mutuelles signifient aussi un apport important à la slavistique. Il a contribué de même par exemple à la solution des questions des dialectes de transition bulgaro-serbes et aussi à la question de la relation linguistique tchéco-slovaque. Une moderne orientation méthodologique donne à ces travaux une valeur encore plus grande. Van Wijk a présenté aussi une image synthétique de l’évolution des langues slaves dans un cycle de conférences Les langues slaves, de l’unité à la pluralité (il l’a prononcé à la Sorbonne et l’a publié dans le Monde Slave 1937).
Van Wijk s’est occupé d’une manière attentive et consciencieuse du vieux-slave. Il a contribué par un nombre de travaux à la connais- sance des monuments vieux-slaves et de la phonétique du vieux-slave. Ses articles sur la théorie des jers y occupent une place importante. Ce sont le Zographnensis et le Suprasliensis qui jouissaient de son attention particulière parmi les monuments du vieux-slave ; il a consacré des travaux spéciaux à ces deux monuments dans les revues scientifiques. L’étude Zur Komposition des altkirchenslavischen Codex Suprasliensis (Amsterdam 1925, Mededeel, der Kon. Akad.) en atteint aussi la byzantologie. Par ses quelques travaux il a contribué à la question de l’évolution du texte de l’Évangile vieux- slave. La Geschichte der altkirchenslavischen Sprache (I. Teil, Laut- und Formenlehre, Berlin-Leipzig 1931) est son travail principal du domaine du vieux-slave. C’est là qu’il a tenté entre autre — avec un succès non médiocre — de donner une image du vieux-slave comme du système compact à deux tendances qui avaient eu une influence décisive ; la tendance à une sonorité plus grande qui menait à la perte de syllabes fermées, et la tendance à la palatalisation. Van Wijk a préparé à imprimer -— pour le Grundriss der slavischen Philologie de Vasmer — encore la deuxième partie de son travail qui renfermait l’étude sur la syntaxe et sur le dictionnaire. Cette deuxième partie n’a pas paru à cause de l’incompréhension de la part de l’éditeur.
Van Wijk a touché aussi des questions spécialement byzantologi- ques, p. ex. par un nombre de travaux sur les Patériks en slave ecclésiastique parmi lesquels il cherchait la traduction en vieux-slave provenant de Méthode. Il est possible de considérer comme prouvé par les données de la légende moravo-pannonienne, que Méthode avait traduit en réalité un Patérik ; d’après la légende, Méthode aurait traduit les ‘ otbčbskyję kbnigy ‘. Il existe un assez grand nombre de traductions en vieux-slave parmi lesquelles il est possible de chercher la traduction de Méthode. Quelques-unes en sont con- servées dans une rédaction incomplète et il y en a aussi des traductions d’origine moins ancienne sans aucun doute.
Van Wijk a réfuté d’abord la théorie de Sobolevskij, d’après laquelle Méthode aurait traduit le Patérik nommé Romain, c.-à-d. les dialogues du pape Grégoire le Grand sur la vie de Saints-Pères {Studien zu den altkir chenslavischen Paterika, Verhandlungen der Kon. Akad., Amsterdam 1931). Van Wijk a suivi la même méthode que Sobolevskij (analyse lexicologique), mais il procédait d’une manière plus systématique et sur une base comparative plus large. Dans son premier travail sur les Patériks slaves, v. Wijk a réfléchi entre autre aussi sur d’autres possibilités, mais il n’est pas parvenu à des résultats convaincants ; toutefois il penchait pour l’opinion que Méthode avait traduit la collection de Συγκεφαλαίωσα τοΰ μεγάλου λαμοναρίου (nommé le Patérik de deux parties).
Dans ses travaux ultérieurs sur ces questions, il est parvenu à des conclusions divergentes, mais plus concrètes. Il partait d’une analyse plus détaillée de textes grecs ; c’étaient de tels textes grecs qui attiraient son attention parmi lesquels il espérait trouver le texte original de Méthode. Plus tard, il a publié sur ces textes une étude Das gegenseitige Verhältnis einiger Redaktionen der Ανδρών άγιων βίβλος und die Entwicklungsgeschichte des Μέγα Леї/ха)vápvov (Medeelingen der Kon. Akad. Amsterdam 1933). Dans l’article Dva slavjanskich Paterika (Byzantinoslavica 4, 1934, pp. 22-35), il a indiqué comme traduction de Méthode spécialement la traduction d’Ανδρών άγιων βίβλος. Il a présenté une explication plus détaillée d’une part dans une conférence au 2e Congrès des slavistes à Varsovie (O Pateryku, przetiumaczonym przez su. Metodego, cf. Ksiçga referatów — Recueil des communications, Section I, pp. 167-169), d’autre part dans un traité plus documenté dans les ‘ Prace filo- logiczne ‘ 17, 1937, pp. 59-65 sous le même titre.
En y répétant d’abord les résultats de ses travaux antérieurs sur ce thème, il fait ressortir de nouveau que la traduction de Méthode ne peut être cherchée ni dans le Patérik Romain, ni dans celui du Sinai ou Égyptien, ni non plus dans le Patérik de deux parties auquel il pensait auparavant. Une analyse approfondie des Patériks d’ Ανδρών άγίον βίβλος lui a fait voir que celui-ci surpasse par les traits archaïstiques de la partie linguistique tous les autres Patériks du vieux-slave et qu’il provient encore de l’époque de la Grande- Moravie. Ce sont des archaïsmes tant morphologiques que lexicaux qui avertissent à un âge très grand de cette traduction. Ce texte qu’on trouve dans les rédactions serbe et bulgare, se montre — par quelques particularités linguistiques — plus prochain aux monuments moins âgés, comme c’est p. ex. la Vie de Méthode. Tout cela semble montrer qu’il s’agit en réalité d’une œuvre de Méthode le traducteur et de ses aides.
Van Wijk a consacré aux Patériks Égyptiens, à savoir tant à la traduction en vieux-slave qu’à son texte original grec, aussi un article dans les Mélanges Miletič (Sofia 1933, pp. 361-368). D’une manière analogue, il a jeté un peu de lumière sur le Patérik scythique dans les Mélanges Mikkola (Helsingfors 1931, pp. 348-353). C’est dans la Slavische Rundschau qu’il a publié un bref résumé des résultats de ses recherches sur les Patériks slaves (10, 1938, pp. 6-9 en aile- mand). Il est incontestable que ces travaux ont exceptionellement contribué non seulement à l’explication de la littérature cyrillo- méthodienne, mais aussi à l’éclaircissement de son fond byzantin. Il est à regretter que la mort a empêché à van Wijk de terminer ces travaux sur les Patériks slaves par un ouvrage synthétique auquel il avait fait toutes les préparations et à la rédaction duquel il était compétent au-dessus des autres.
Son effort d’être au courant des intérêts scientifiques et de se faire intéressant augmente encore la valeur totale de l’œuvre de van Wijk. II savait aussi intervenir dans les combats de la culture et de la politique et se trouvait toujours au côté du droit et de la vérité. Les Slaves perdent en lui un grand spécialiste et ami.
Source : Karel Horálek,י Nicolas van Wijk (1880-1941),’ Byzantinoslavica 9.409^111 1947-1948). By permission of the author.
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