Skip to main content

Geneva School Reader in Linguistics: Geneva School Reader in Linguistics

Geneva School Reader in Linguistics

Geneva School Reader in Linguistics

INTONATION ET SYNTAXE*

Le rôle des procédés musicaux du langage a été longtemps négligé. On les comptait volontiers parmi les formes primitive s et embryonnaires du langage, ou bien on y voyait des phénomènes purement contingents de la parole individuelle. Aujourd’hui on se rend mieux compte que ces éléments, et en particulier l’accent d’intensité, l’intonation ou mélodie, et les pauses appartiennent au système de la langue, sont fixées par l’usage et revêtent, dans les idiomes modernes les mieux constitués, des valeurs fondamentales. On trouvera un aperçu général de la question dans mon Traite de stylistique française (I, p. 267 ss., 309 ss.); puis, dans Linguistique générale et linguistique française (=LGLF), j’ai essayé de déterminer cer- taines règles relatives à la mélodie des phrases coordonnées, segmentées et liées (p. 80 ss.). C’est également à la mélodie qu’est consacrée la présente étude. Sans prétendre reprendre le problème dans son ensemble, on voudrait, sur la base des phrases segmentées, traiter quelques points de doctrine et de méthode, en les confrontant avec les idées émises par d’autres linguistes, particulièrement MM. Blinkenberg et Lerch.1 L’ex- posé est fondé sur le français moderne, parce que c’est ma langue maternelle; mais il est certain que ces vues générales sont applicables, mutatis mutandis, à d’autres idiomes.2

* * *

La première difficulté qu’on rencontre dans cet ordre de recherches, c’est la distinction entre l’accent d’intensité et la mélodie. Sans doute a-t-on raison de dire que l’intensité et la mélodie ont une affinité réciproque et concourent souvent à la constitution d’un schéma syntaxique; mais elles ne sont pas nécessairement solidaires l’une de l’autre, et il est faux de prétendre que l’accent est toujours accompagné d’une élévation de la voix. Soient les phrases segmentées: Cet homme, je le connais, et Je le connais, cet homme: dans l’une comme dans l’autre, homme est accentué, mais la mélodie du segment cet homme est montante dans la première et descendante dans la seconde.

De plus, il est essentiel de dégager ce qui est musicalement déterminant pour la fixation d’un type syntaxique: il y a, pratiquement, des dominantes accentuelles et des dominantes mélo- diques. Si, dans la phrase allemande «Du bist schuldig», on veut faire du premier mot le prédicat psychologique, le «propos» (= fr.: C’est toi qui es le coupable), c’est l’intensité qui prime; l’élévation de la voix est simplement concomitante. Au contraire, dans On ne fume pas, ici, le dernier mot est accen- tué, mais c’est la courbe mélodique, la pause et surtout la tom- bée de la voix sur ici qui sont tout l’essentiel de ce tour syntaxique.

Les analyses de M. Blinkenberg sont le plus souvent correctes, parce qu’il a compris que l’intonation joue en français un rôle plus important que l’accent. M. Lerch, influencé peut- être par sa langue maternelle, ramène tout à l’accent et semble sous-entendre que la mélodie n’en est qu’une dépendance négligeable. Cet exclusivisme entraîne plusieurs inexactitudes dans le chapitre consacré à l’ordre des mots (p. 215 ss.). Ce qui caractérise la syntaxe (extravulgaire) de phrases telles que Trois enfants j’ai eus et Un gros cochon c’était (Lerch p. 266), ce n’est pas avant tout l’accent, mais la mélodie des segmentées ZA (v. plus bas p. 36) et l’on n’a pas le droit de comparer Le cerf il dépeça (La Fontaine), phrase liée de type archaïque, intonée tout différemment. La préoccupation de l’accent en fait trouver là où il n’y en a pas; ainsi dans Un silence se fit (p. 258), M. Lerch accentue le sujet parce qu’il est prédicat psychologique (double erreur), et dans Un domestique apporta des chaises, il est illusoire de penser que le sujet non seulement est accentué, mais, de plus, suivi d’une pause. C’est qu’on a encore de la peine à se rendre compte que dans la phrase liée simple et régulière, la distinction du thème et du propos n’est marquée par aucun signe linguistique, qu’elle dépend du contexte ou de la situation, bref: relève de la parole, non de la langue.

Autre question délicate: celle des pauses médianes. Cel-les-ci jouent un rôle si important en français que leur présence ou leur absence peut constituer deux types syntaxiques distincts; ainsi Je reste à la maison, parce qu’il fait froid diffère de Je reste à la maison parce qu’il fait froid. Ce qui empêche souvent de voir clair, c’est que la rapidité du débit abrège les pauses et va même jusqu’à les supprimer. Mais ici, une fois de plus, la langue s’oppose à la parole, et la phonologie à la phonétique. Il en est des pauses comme des e caducs du français, qui peuvent s’amuir sans que les sujets perdent conscience de leur réalité latente (cf. porte-faix et porVfaix ). Dans la phrase Au milieu du parc il y a un bassin, la pause médiane peut disparaître, mais je sens très bien qu’elle est là, que je peux la rétablir et la prolonger à volonté. Inversement, il m’arrivera d’en mettre une dans Au milieu du parc se trouve un bassin; mais j’ai le sentiment que l’inversion du sujet est incompatible avec la pause; c’est que dans la première phrase, il y a un bassin est une phrase grammaticalement complète et indépendante, ce qui n’est pas le cas pour se trouve un bassin.

Une conséquence de ces fluctuations (dont la parole, non la langue, est responsable), c’est qu’on ne peut se fier sans réserve à la ponctuation des textes écrits. Ainsi la phrase citée par M. Blinkenberg (p. 110): En latin, s’est produit une êvolution analogue contient, pour la raison énoncée plus haut, une virgule irrationnelle. Je ne sais si Flaubert a réellement écrit «Et ce teint pâle... !Moi, qui aime les femmes pâles», mais cette faute de ponctuation n’autorise pas M. Lerch (p. 195) à poser un type syntaxique (Et) ma scie, qui ne coupe pas, car la pause le rend inintelligible.

* * *

Appliquons maintenant ces données à la phrase segmentée, telle qu’elle est décrite LGLF, p. 84.3 J’appelle phrase segmentée un énoncé divisé en deux parties séparées par une pause et dont l’un, désigné ici par Z, est le but de l’énoncé, le prédicat psychologique, le propos, et l’autre, figuré par A, le sujet psychologique ou thème, qui sert de base au propos. Le propos est ce qui importe au parleur, le thème ce qui est utile à l’entendeur. L’ordre des termes est ou AZ ou ZA: comparez Cette lettre (A), je ne l’ai jamais reçue (Z) et Je ne l’ai jamais reçue (Z), cette lettre (A). Comme l’a bien vu M. Sechehaye (Z. c. p. 165), Z est une phrase grammaticalement indépendante et qui conserverait sa pleine valeur en l’absence du segment A, peu importe d’ailleurs qu’elle ait une forme analytique: Je ne l’ai jamais reçue, ou celle d’une phrase à un membre: (S’il est coupable), la mort!, ou enfin qu’elle soit réduite à une exclamation: (Si tu m’embête s), vlan! oùvlan = «je te donne une gifle». Au contraire, le segment A est, par définition, incomplet, et dépend étroitement de Z, bien qu’il en soit matériellement détaché. Il peut être constitué par n’importe quoi: un substantif: Les enfants, (ça casse tout), un adjectiv: Fatigués, (nous l’étions), un adverbe: Ici, (on ne fume pas), une proposition subordonnée: S’il pleut, (la fête sera renvoyée), et même une phrase (en apparence) indépendante: Pas d’argent, (pas de pain), Il fait froid, (nous ne sortirons pas), etc., etc. Chacun de ces types, énoncés en AZ, peut être renversé en ZA.

Or, j’ai essayé de montrer (LGLF. p. 86) que c’est par l’intonation et la pause que la phrase segmentée se révèle comme telle et que A se distingue de Z. Ce fait essentiel a été jusqu’ici ou négligé ou mal compris. Pour M. Lerch, nous l’avons vu, l’intonation ne joue ici aucun rôle, et il semble mettre sur le même pied AZ et ZA (p. 259). M. Blinkenberg, qui, lui, tient compte de la mélodie, admet qu’elle est la même pour les deux variétés de la segmentée (p. 47 et 59), et pose que soit dans Fatigués, nous l’étions, soit dans Nous l’étions, fatigués, la voix monte sur le premier segment et descend sur le second.

En réalité Z, comme on doit s’y attendre, a la mélodie de la phrase indépendante qu’il représente, et cette mélodie peut être très diverse; cela dépend de la nature modale de l’énoncé, selon qu’il s’agit d’une affirmation, d’une interrogation, d’un ordre, d’un énoncé exclamatif exprimant la colère, l’étonnément, etc., etc.

Tout autre est le traitement de A: son intonation est stéréotypée et conventionnelle, uniformément ascendante dans AZ, tandis que A est prononcé sur un ton bas et sourd en ZA. Et surtout: elle n’est pas autonome, mais dépend de celle de Z. Aussi est-ce la mélodie qui peut seule marquer la subordination de A à Z quand A a la forme d’une phrase indépendante, comme plus haut dans II fait froid, nous ne sortirons pas et Nous ne sortirons pas, il fait froid. Le critère mélodique est particulièrement décisif dans les formes de la syntaxe émotive. Si un élément comporte une prononciation exclamative, cet élément est nécessairement autonome et, en conséquence, ne peut être que coordonné à ce qui le précède ou le suit: Le filou! Il m’a tout pris, Il m’a tout pris. Le filou!. Pour que ce complexe devienne une segmentée, il faut (et il suffit) que l’élément exclamatif abandonne son intonation émotive et adopte la mélodie conventionnelle propre à A, p. ex. Il m’a tout pris, le filou (ZA).

En revanche, c’est la pause médiane qui montre que, grammaticalement, le segment A n’est pas un «complément» de Z, où il est d’ailleurs souvent représenté par un pronom: «Cet homme, je ne le connais pas». Une analyse fondée sur la syn- taxe de la phrase liée serait ici trompeuse, car elle ferait de A un élément intérieur à Z. En fait, l’adverbe ici, par exemple, n’est pas un complément de fume dans Ici, on ne fume pas ou On ne fume pas, ici; la phrase liée On ne fume pas ici (sans pause!) serait tout autre; syntaxiquement, le contexte aidant (v. p. 35), ici serait le propos; on voudrait dire qu’on fume ailleurs, p. ex. dans le wagon des fumeurs. Rien ne vous avertit que les chèvres pourrait être complément de il faut dans Les chèvres, il leur faut du large (A. Daudet); c’est leur, non les chèvres, qui a cette fonction. Sans doute l’analogie de la phrase liée peut altérer la pureté de la syntaxe segmentée, p. ex. dans «Aux chèvres, il leur faut du large», et même « Aux chèvres (,) il faut du large»; mais la mélodie et la possibilité de la pause maintiennent le caractère fondamental de cette structure.

Ajoutons que Z peut être lui-même une segmentée (az ou za); c’est alors que l’intonation et les pauses atteignent le maximum de leur valeur distributive. Ainsi Cet homme, moi, je ne le connais pas s’analyse AZ (Z = az), tandis que Cet homme, je ne le connais pas, moi répond à la formule AZ (Z = za). Je range dans le premier type la phrase des Goncourt citée par M. Lerch (p. 54): Un homme à idées libérales et qui porte vê- tements de coupe ecclésiastique (A), règle générale (Za), toujours s’en défier (Zz), et dans le second celle de Daudet (Blinkenberg p. 178): A l’écluse (A), tout le monde en parlait (Zz), de ces choses effroyables (Za).

On comprend dès lors la position à assignera la phrase segmentée entre la syntaxe des coordonnées et celle de la phrase liée. La phrase segmentée est issue de la condensation de deux coordonnées (ZZ’) dont la seconde s’ajoute à la première pour l’expliquer, la justifier, la localiser dans l’espace ou le temps, etc. On donne généralement le nom d’épexégèse à ce genre de coordination. Ainsi dans Ici. Asseyez-vous, Z’indique l’intention qui a fait dire Ici; tandis que dans Asseyez-vous. Ici, Z’ précise, après coup, la place qu’on doit occuper. Or, chaque coordonnée a une intonation autonome, corrélative à son indépendance grammaticale et à sa modalité. La pause est en général bien nette, mais, comme toujours dans la parole, elle peut être abrégée et même supprimée, d’où l’illusion qu’on a affaire à la segmentation ou à la phrase liée; c’est alors que la mélodie remet les choses au point. La méconnaissance de ce critère est une source d’erreurs, et la confusion est particulièrement fré- quente entre coordination et segmentation. Ainsi M. Lerch dit (p. 182) que dans le type Elle ne coupe plus, ma scie, le second terme est ajouté au premier comme supplément d’information: c’est confondre la constitution du type avec sa genèse, car la mélodie nous avertit immédiatement qu’il s’agit d’une segmentée (ZA), et non de deux coordonnées (ZZ’). P. 473, il cite côte à côte deux phrases de Flaubert qu’il donne pour épexégétiques: Elle regarda les fenêtres du château, longuement, et La journée fut longue, le lendemain, alors que, au témoignage de l’intona- tion, seule la première est ZZ’, tandis que la seconde est une segmentée ZA.

La triple interprétation d’une même phrase résumera ces développements. L’énoncéCette construction est très fréquente en latin peut être prononcé de trois manières: 1)en latin peut être séparé de ce qui précède par une pause et avoir une intonation autonome explicative; le sens est: «j’ajoute que cette fréquence concerne le latin» (type ZZ’); 2) il peut, tout en comportant une pause, se prononcer sur un ton bas; il devient alors le thème (retardé) de ce qui précède (type ZA); 3) il peut enfin, sans pause médiane, et sans intonation propre, faire partie d’une phrase liée, où le thème et le propos — répétons-le — sont déterminés uniquement par le contexte ou la situation: ainsi dans une grammaire latine, c’est fréquente qui serait le but de l’énoncé; ce serait au contraire en latin si cette phrase figurait dans un traité où plusieurs langues sont comparées.

* * *

Il arrive qu’une phrase soit coupée en deux par un élément intercalé (une incidente ou incise). Ce phénomène touche de très près au sujet qui nous occupe, car l’incise relève soit de la coordination soit de la segmentation.

1. L’incise peut être une coordonnée que la vivacité de la pensée fait surgir avant que la première phrase soit achevée. L’ordre logique des deux propositions n’est pas toujours facile à rétablir. Il est clair, par exemple, dans Paul — et c’est fort heureux — a renoncé a son projet, où la conjonction et prouve que l’incise est une coordonnée anticipée; mais Vous avez, je le vois, une splendide écriture, peut correspondre soit àJe le vois, vous avez . .., soit àVous avez..., je le vois. Mais peu importe: l’essentiel est que l’intonation montre que ces incises sont indépendantes de la phrase enveloppante, car cette intonation est celle que les parties intercalées auraient si on les détachait de leur contexte.

2. Ailleurs, l’incise est l’élément A intercalé dans le Z d’une segmentée. La mélodie est alors conventionnellement montante ou descendante et prive le terme enclavé de toute valeur autonome. Elle est montante dans Le tigre, d’un bond, fondit sur sa proie, et nous avons là une variété de AZ. (Comparez: D’un bond, le tigre fondit sur sa proie). Elle est descendante dans Paul est, dit-on, très malade, et cette phrase est une variété de ZA.

Une incise exclamative est, par définition, une phrase; il s’agit donc du type 1), p. ex. Il a abusé — Ah! le filou! — de ma crédulité; mais dès que le ton exclamatif fait place à un ton conventionnel, l’énoncé appartient au type 2): Il s’y entend, le filou, à duper son monde, où l’intonation grave de l’incise révêle une variété de ZA (avec Z valant lui-même za, v. plus haut p. 38).

Le genre d’épexégèse le plus fréquent est celui où la phrase explicative (j’insiste sur le mot «phrase») se rapporte à un terme particulier de l’énoncé dans lequel il est intercalé. Ainsi Cet homme — un vrai filou — a fait d’innombrables dupes ren- ferme une incise qui a été et peut être encore interprétée comme une phrase à un membre (= «C’est un vrai filou»). Le caractère coordinatif de cette épexégèse est généralement révélé par le parallélisme des intonations. Il n’y a donc là rien de nouveau pour nous; mais on sait que ces tours sont à l’origine de l’apposition libre (L’orateur — Cicéron — prit la parole), de l’épithête libre (L’élève, attentif, écoutait le maître), et même de la proposition relative explicative (Un homme, que je ne connais pas, m’a salué tout à l’heure). On remarquera que ces tours épexégétiques ne versent jamais dans la syntaxe segmentée; par contre, ils alimentent, grâce à une nouvelle condensation, la syntaxe de la phrase liée (L’orateur Cicéron, l’élève attentif, un homme que j’ai rencontré).

* * *

On a pu constater que tous les développements qui précèdent reposent sur la différence entre phrase et élément de phrase. Ce qui définit la phrase, c’est, pour le signifié, la modalité (v. LGLF p. 34), c’est-à-dire l’attitude subjective du parleur vis-à-vis de ses représentations objectives, et, pour le signifiant, l’intonation autonome, reflet direct de la modalité. Les variétés de cette intonation sont aussi nombreuses que celles de la modalité elle-même (affirmation, interrogation, désir, ordre, etc., sans compter les multiples nuances émotives qui accompagnent les formes fondamentales). Pour qu’une phrase devienne élément de phrase, il faut (et souvent il suffit) que la modalité en soit absente et, parallèlement, que son intonation cesse d’être autonome (comme dans le terme A de la phrase segmentée) ou se confonde dans l’intonation de la phrase entière (phrase liée).4

Comparons, pour résumer, les trois phrases suivantes: Paul est fou. — Que Paul soit fou, je n’en doute pas. — Je ne doute pas que Paul soit fou. La première, phrase liée du type le plus banal, à modalité implicite (c’est-à-dire exprimée seulement par le mode indicatif du verbe), est autonome au double point de vue grammatical et mélodique, par sa modalité et son intonation, celle-ci pouvant, en conséquence, varier selon la nature des mouvements subjectifs qui provoquent l’énoncé. La seconde phrase est une segmentée AZ; la modalité est explicitée sous la forme d’un verbe modal (douter) qui donne à Z son caractère autonome et lui permet des intonations variables seIon le cas; au contraire l’idée de la folie de Paul est devenue le dictum (LGLF, p. 32), la représentation sur laquelle porte la modalité; le membre de phrase qui la contient est le thème de l’énoncé, et, par suite, fonction de Z, d’où perte de l’autonomie grammaticale. Le subjonctif soit, privé de toute valeur modale proprement dite, est un outil de transposition d’une principale en subordonnée; parallèlement, perte de l’autonomie mélodique, l’intonation étant stéréotypée, uniforme, incapable de variations appréciables. Enfin la troisième (phrase liée) est un bloc syntaxique et mélodique; la subordonnée n’a plus trace d’intonation propre.

Notes

1A. Blinkenberg, L י ordre des mots en français moderne, 2 vol., Copenhague, 1928 et 1933. Eug. Lerch, Französische historische Syntax, vol. III (Modalität), Leipzig, 1934.

2M. M. Cohen, qui, sans connaître mon exposé des phrases segmentées (LGLF, p. 84 ss.), a émis des idées analogues au IVe Congrès de linguistes (Copenhague, 1936, voir les Actes de ce congrès, p. 106 ss.) a surpris des faits semblables à ceux du français dans la langue amharique de l’Abyssinie.

3M. Sechehaye avait déjà exposé des vues analogues dans son Essai sur la structure logique de la phrase, p. 164 ss, sans cependant aborder le problème des procédés musicaux.

4C’est à M. Karcevski que revient l’honneur d’avoir introduit l’intonation dans la définition de la phrase (Sur la phonologie de la phrase, Travaux du Cercle linguistique de Prague, vol. IV, p. 188 ss.). Dans le détail, son analyse de la phrase, extrêmement fouillée et riche d’enseignements, diffère sensiblement de la mienne; il serait hors de propos de dire ici en quoi; au lecteur de comparer. M. Lerch, qui, lui aussi, a revendiqué l’intonation pour la définition de la phrase (Vom Wesen des Satzes und von der Bedeutung der Stimmführung für die Definition des Satzes, Archiv für die gesamte Psychologie, vol. 100, p. 133 ss.) ne semble pas avoir eu connaissance du mémoire de M. Karcevski.

*Cahiers Ferdinand de Saussure 1 (1941), pp. 33-42.

Next Chapter
Geneva School Reader in Linguistics
PreviousNext
All rights reserved
Powered by Manifold Scholarship. Learn more at manifoldapp.org