ESSAI D’ANALYSE D’UN SYSTÈME DE VALEURS*
1. Depuis que Saussure a défini la langue comme un système de valeurs, l’expression est devenue courante; mais l’application des principes saussuriens à un cas précis d’une langue donnée demeure un problème difficile. L’explication du système verbal français a été tenté à plusieurs reprises; quels que soient les mérites divers et éminents de ces tentatives, il ne semble pas qu’aucune d’elles puisse passer pour définitive. Cela tient, entre autres, à ce qu’elles ignorent, presque toutes, la distinction saussurienne entre rapports syntagmatique s et rapports associatifs; la seule exception, à ma connaissance, est l’ouvrage original et suggestif de M. Félix Kahn, Le système des temps de Vindicatif, où il a tenté de dépasser l’étude des significations, qui se déterminent au niveau des rapports syn- tagmatiques, pour en déduire le système des valeurs, qui se déterminent au niveau des rapports associatifs; il a de plus tenté d’appliquer, sur le plan des signes, les résultats obtenus par les phonologues sur le plan phonématique. A ces deux points de vue, nous nous sommes inspiré de son exemple. Si cependant ses conclusions ne nous paraissent pas acceptables, c’est qu’il n’a pas su se défaire de l’idée préconçue que le sys- tème du verbe français, au moins à l’indicatif, serait fondé sur la notion de temps. Mais si les formes de l’indicatif peuvent, dans certaines positions syntaxiques, assumer une signification temporelle, les valeurs, nous le verrons, ne sont pas d’ordre temporel.
2. Pour le classement des signes verbaux, notre critère sera le suivant: si à une série de signes comportant une même particularité sématique liée à une même particularité sémantique correspond une série de signes dépourvus de ces deux particularités, et si chaque signe de la première série est inclus par le terme correspondant de la seconde, les deux séries formeront deux classes distinctes, liées par une chaîne d’oppositions binaires proportionnelles. C’est la contrepartie, sur le plan des signes, de la corrélation des phonologues, série d’op- positions binaires, privatives et proportionnelles, dont l’un des termes est marqué et le terme correspondant non marqué.
Ainsi, en français, b, d, g forment la classe des occlusives sonores, en face de p , t, k, classe des occlusives non sonores (sourdes) et on a p : b = t : d - k : g.
3. La distinction traditionnelle entre mode indicatif et mode conditionnel a été rejetée par plusieurs linguistes qui font rentrer le conditionnel dans l’indicatif. Quoi qu’il en soit de l’étiquette, il est certain que cet ensemble de formes constitue un système partiel d’une grande cohérence. Il comprend les quatorze temps suivants:
On remarquera que dans ce tableau le passé simple et le passé antérieur ont une position particulière: la forme simple, de par son emploi, se place au niveau non des autres formes simples, mais des formes composées, et la forme composée au niveau des formes surcomposées. D’autre part, ces deux formes appartiennent uniquement à la langue écrite. Dans ces vers de La Fontaine:
La cigogne au long bec n’en put attraper miette
Et le drôle eut lappé le tout en un moment
la langue parlée remplacerait put par a pu et eut lappé par a eu lappé. Il s’agit là d’un reste de l’ancien système qui s’est in- tégré au système nouveau en tant que variantes littéraires libres du parfait et du parfait surcomposé dans leur emploi narratif. Nous pouvons dès lors les laisser de côté.
En revanche, les formes surcomposées appartiennent indéniablement à la langue parlée, comme le montre le bel ouvrage de M. M. Cornu, Les formes surcomposées en français (Berne, 1953). Mais les exemples relevés en sont relativement rares et la nature exacte de leurs fonctions est discutée. Nous n’en parlerons qu’après avoir analysé les relations mutuelles des huit temps simples et composés.
4. Les quatre temps simples et les quatre temps composés de la langue parlée présentent trois séries particulièrement importantes d’oppositions:
1° Formes sans suffixe -ę- : formes à suffixe –ę-.
2° Formes sans suffixe -r- : formes à suffixe -r-.
3° Formes simples: formes composées.
Pour la première série, nous renvoyons le lecteur à l’article publié dans ces Cahiers, 1 où nous en avons fait une analyse dé- taillée; nous nous bornerons à en rappeler ici les conclusions: les formes sans suffixe - ę- constituent la classe du non inac- tuel, qui inclut celle de l ’inactuel, constituée par les formes pourvues de ce suffixe.
5. Le suffixe -r- n’a pas pour fonction unique d’exprimer une relation temporelle. Il entre en effet dans la composition
de signes qui peuvent, suivant leur position, se référer aussi bien à un événement passé que présent ou futur. Ainsi le futur parfait, dans il aura manque le train se réfère à un événement passé, le futur, dans il sera malade peut se référer à un événement pré- sent ou futur, suivant la situation. à en va de même pour le conditionnel: on m’avait dit qu’il viendrait (hier/aujourd’hui/demain). Il n’y a pas lieu, pour le futur, de parler d’«emploi modal» ou de «variété non propre». Soit il a trop mange hier soir, il sera malade maintenant et il a trop mangé ce soir, il sera malade demain: ce qui situe le référé de sera dans le présent ou le futur, c’est les adverbes maintenant et demain, mais l’em- ploi du futur n’est pas différent: dans les deux cas il s’agit d’une conjecture fondée sur un indice actuel, c’est-à-dire fai- sant partie de l’actualité du parleur au moment de la parole; c’est le parleur qui sait, au moment où il parle, que la personne en question a trop mangé. Pour le conditionnel, il combine le suffixe -r- avec le suffixe - ę- d’inactuel; il s’agit d’une conjecture fondée sur un indice inactuel: ainsi il viendrait n’est pas donné comme une conjecture du parleur, mais d’un tiers: on m’avait dit; de même pour l’ennemi aurait battu en retraite. Dans s’il faisait beau, il viendrait, la conjecture se fonde sur une pure hypothèse.
Il est facile de voir que le non conjecturé inclut le conjecturé; le présent peut se substituer au futur: il part demain, et le parfait au futur parfait: j’ai fini dans cinq minutes. Pour l’imparfait et le plus-que-parfait, voir CFS 18, p. 14. On peut donc poser la classe du conjecturé constituée par les quatre temps pourvus du suffixe -r-, en face de la classe du non con- jecturé, constituée par les quatre temps qui en sont dépourvus.
6. A leur tour, les formes composées n’ont pas pour fonction unique d’exprimer un rapport temporel. Le parfait peut se référer à un événement passé, présent ou futur: hier il a neigé; jour pris, je dois parler, je parle, j’ai parlé (Racine, Les Plaideurs); j’ai fini dans cinq minutes. Pour le futur parfait, comparer: il aura neigé hier et j’irai skier quand il aura neigé. Pour le plus-que-parfait et le conditionnel parfait, voir CFS 18, p. 10 ss.
Le caractère sémantique commun à tous ces exemples, c’est l’accompli; de ce caractère fondamental résulte facilement une signification d’antériorité quand une forme composée se trouve en rapport syntagmatique avec une forme simple: quand il a mangé, il sort; quand il aura mangé, il sortira, etc. Mais ce n’est là qu’une des possibilités sémantiques découlant de la valeur d’accompli; dans l’exemple de Racine, j’ai parlé n’offre pas trace d’antériorité.
Les quatre temps simples formeront donc la classe du non accompli qui inclut celle de 1 accompli constituée par les quatre temps composés: le présent narratif peut en effet se substituer au parfait dans le récit: Je sors ma montre, c’est l’heure de retourner à bord et je l’appelle (Damourette et Pichon, V, p. 262). De même, le futur peut se substituer au futur parfait: en dix ans j’aurai fait/je ferai fortune; dans les deux cas, l’événe- ment s’accomplit en dix ans; mais l’indication de l’accompli est explicite avec j’aurai fait, implicite avec je ferai. Pour l’imparfait et le plus-que-parfait, voir CFS 18, p. 14.
7. Ainsi nos huit temps sont liés entre eux par trois séries d’oppositions inclusives:
On remarquera qu’il existe, pour la deuxième série, une posi- tion de neutralisation, après si hypothétique:
s’il fait beau, il sortira;
s’il faisait beau, il sortirait;
s’il a fait beau, il sera sorti;
s’il avait fait beau, il serait sorti;
oùfait se substitue àfera, etc.
La relation d’inclusion lie étroitement les termes opposés, puisqu’elle signifie que le champ sémantique du terme inclus est compris dans celui du terme incluant.
8. Ces oppositions forment bien trois séries proportionnelles. En effet, si dans une phrase comme:
il dit qu’il neige /a neigé /neigera /aura neigé,
on remplace il dit par il disait, on est obligé de remplacer symétriquement chaque signe non inactuel par le signe inactuel correspondant: il neigeait, il avait neigé, il neigerait, il aurait neigé, ce qui permet de poser:
présent : imparfait = parfait : plus-que-parfait = futur : conditionnel présent = futur parfait : conditionnel parfait.
De même, si dans la phrase suivante:
Dès qu’il a bu un verre de trop, il est bon à tuer.
on remplace il a bu par il avait/aura/aurait bu, on doit rem- placer il est par il était/sera/serait, d’où la série proportion- nelle:
présent : parfait = imparfait : plus-que-parfait = futur : futur parfait = conditionnel présent : conditionnel parfait.
Enfin, des phrases hypothétiques données au paragraphe précédent, on peut tirer:
présent : futur = imparfait : conditionnel présent = parfait : futur parfait = plus-que-parfait : conditionnel parfait.
9. Si maintenant nous combinons nos trois séries d’oppositions, nous obtenons pour chaque terme sa place relativement aux termes immédiatement contigus, c’est-à-dire ceux qui entretiennent avec lui une relation d’inclusion. Soit, en prenant comme type le verbe faire et en remplaçant le signe d’inclusion par une flèche dirigée vers le terme inclus:
Chaque terme est au centre de trois relations d’inclusion. Des formes simples, le présent est trois fois le terme incluant, l’imparfait et le futur chacun deux fois, le conditionnel présent une fois; pour les formes composées, le non accompli incluant l’accompli, le parfait ne sera le terme incluant que deux fois, le plus -que-parfait et le futur parfait chacun une fois, le conditionnel parfait aucune fois. Ces rapports peuvent encore s’ex- primer en posant les six chaînes d’oppositions inclusives que constituent nos huit termes; on part chaque fois du présent pour aboutir au conditionnel parfait:
La valeur de chacun de ces huit termes peut être définie de la façon suivante:
présent : non inactuel, non conjecturé, non accompli;
imparfait : inactuel, non conjecturé, non accompli;
futur : conjecturé, non inactuel, non accompli;
conditionnel : inactuel, conjecturé, non accompli;
parfait : accompli, non inactuel, non conjecturé;
plus-que-parfait : accompli, inactuel, non conjecturé;
futur parfait : accompli, conjecturé, non inactuel;
conditionnel parfait : accompli, conjecturé, inactuel.
De ces valeurs dépendent toutes les significations qu’ils peuvent prendre suivant leurs positions dans le discours.
10. Il est malaisé de mettre en évidence la caractéristique sémantique propre aux formes surcomposées, à cause de la rareté de leur emploi. L. Foulet, Romania LI, y voit «à la fois un état présent et une action terminée» (p. 229) et encore «un in- tervalle entre l’événement et le moment de la parole» (p. 227). Pour M. C. de Boer, Revue de lingu. romane III, «le passé sur- composé est un parfait avec accentuation de l’idée de réalisa- tion définitive » (p. 289), mais il repousse l’idée d’un recul dans le passé.
Les exemples produits se présentent dans les positions typiques suivantes:
dans une subordonnée temporelle, en rapport syntagmatique avec la forme composée correspondante:
1) Ça m’a pris quand j’ai eu mangé.
— en rapport syntagmatique avec un repère temporel:
2) Je l’ai eu terminée vendredi (ma cure).
— avec une indication de durée: vite, en un moment, etc.:
3) Tu as vite eu fait, papa! (d’aller et de revenir; le retour coïncide avec le moment de la parole).
4) J’avais peur du guignol de chat là; parce qu’il serait monté sur la table, il aurait eu vite bu le bol de lait! (il faut comprendre: «j’avais peur ... parce que, s’il était monté...»).
enfin, un type largement répandu en France mais qui serait ab- sent de l’usage parisien:
5) J’ai eu vendu des cartes à 5 sous la douzaine.
Dans le premier exemple, le rapport d’antériorité est clair, mais ce n’est là qu’une signification propre à cette position puisqu’on ne la retrouve pas dans les autres; dans l’exemple 2, la fin de la cure coïncide avec le repère temporel «vendredi», et dans l’exemple 3, l’accomplissement de l’événement coïncide avec le moment de la parole; dans l’exemple 4, l’événement indiqué par le surcomposé est postérieur à celui qu’indique le composé; de plus, il peut se situer aussi bien dans le futur que dans le passé: rien n’empêche de préciser: parce que, demain matin, etc. Le «recul dans le passé» qu’indique l’exemple 5 n’est donc aussi qu’une signification propre à cette position.
Dans l’exemple 4, si on oppose il aurait vite bu àil aurait eu vite bu, il semble qu’il y ait une différence de sens très nette: le premier syntagme signifierait: «il se serait dépêché de boire», le second: «il aurait achevé de boire en peu de temps». Les expressions «action terminée» de Foulet, «réalisation définitive» de M. de Boer semblent donc adéquates. Dans son Système des temps de Vindicatif, p. 73 (note), M. F. Kahn se demande, à propos de la phrase Comme tu as grandi!, «At-il fini de grandir?» Le parfait ne l’indique pas; il indique seulement que, jusqu’au moment de la parole, un événement s’est accompli, savoir, une augmentation de croissance, mais il reste muet sur la suite. Or, on ne pourrait pas substituer: *Comme tu as eu grandi! Par contre, on pourrait dire: Il a vite eu grandi, et il semble bien que le surcomposé indiquerait que la croissance est arrivée à son terme.
Qu’il y ait inclusion des formes surcomposées par les formes composées, cela est évident; celles-ci peuvent presque toujours se substituer à celles-là, ce qui explique leur rareté; dans la langue écrite, le parfait se substitue au parfait sur composé même dans la subordonnée temporelle:
Quand je l’ai comprise et sentie
J’en étais déjà dégoûté (de la vérité)
(Musset, cité par Cornu, p. 94.)
D’oppositions syntagmatique s comme:
ça m’a pris quand j’ai eu mangé;
ça m’aura pris quand j’aurai eu mangé;
etc., d’une part et, de l’autre:
ça me prend quand j’ai mangé;
ça me prendra quand j’aurai mangé;
etc., on peut tirer, non seulement:
parfait : parfait surcomposé = futur parfait : futur sur- composé; mais encore:
parfait surcomposé : parfait = parfait : présent;
où le parfait joue le rôle de moyenne proportionnelle, c’est-à- dire qu’il est à égale distance du présent et du parfait sur composé. C’est la contrepartie de ce que les phonologues ont appeléopposition graduelle. Il résulte de là que les oppositions des formes composées et surcomposées entre elles sont exactement symétriques aux oppositions des formes simples et com- posées entre elles.
Quelle étiquette donner à la particularité sémantique des formes surcomposées? Par analogie avec surcomposé, je risquerai celle de suraccompli qui indique bien le caractère graduel des oppositions
non accompli : accompli : suraccompli.
11. Et voici le tableau d’ensemble qui résume et illustre notre analyse:
On en pourra déduire toutes les autres oppositions dont l’examen détaillé déborderait le cadre de cet article. Nous nous bornerons à un exemple qui indiquera la méthode à suivre, celui de l’opposition parfait : imparfait. Dans une phrase comme: trois secondes après, la bombe a éclaté, on peut remplacer le parfait par l’imparfait: la bombe éclatait. Il s’agit ici d’une substitution réciproque, où rien n’indique dans quel sens se fait la substitution; au contraire dans je pars demain, il y a substitution unilatérale parce qu’ici c’est le présent qui se substitue au futur en en assumant la fonction, alors que dans je partirai demain le futur ne se substitue pas au présent (voir F. Kahn, o.e. p. 53). Seule la substitution unilatérale implique une relation d’inclusion et en effet, cette relation n’existe pas entre le parfait et l’imparfait. On a attribué à l’imparfait une valeur imperfective ou durative, exprimant «le déroulement de l’action». Il est clair qu’il n’en saurait être question dans notre exemple. Mais notre analyse nous permet de donner au problême une solution purement linguistique. Rappelons la définition de nos deux temps:
parfait : accompli, non inactuel, non conjecturé;
imparfait : inactuel, non accompli, non conjecturé.
En laissant de côté le non conjecturé qui leur est commun, on voit que le parfait exprime l’accompli explicitement et Vinactuel implicitement; inversement, l’imparfait exprime l’ inactuel explicitement et 1 1accompli implicitement. On conçoit dès lors que l’un et l’autre soit recevable dans cette position; la langue laisse le choix au parleur qui peut à son gré expliciter soit l ’accompli, soit Vinactuel; la différence est d’ordre stylistique, comme l’avait bien vu Bally, Traité de stylistique, p. 262.
Si le parfait et l’imparfait ne s’incluent pas l’un l’autre, on remarquera qu’ils incluent l’un et l’autre le plus-que-parfait. C’est sur la partie de leur champ sémantique qui s’étend sur celui du plus-que-parfait que le parfait et l’imparfait se rencontrent; dans l’exemple en question, ils sont l’un et l’autre des substituts du plus-que-parfait. En effet, on peut également dire: trois secondes après, la bombe avait éclaté, ou Vaccompli et Vinactuel sont tous deux explicité; on peut aussi n’expliciter ni l’un ni l’autre et dire: trois secondes après, la bombe éclate, avec le présent narratif, le présent incluant à la fois 1 9accompli et Vinactuel.
12. Saussure a défini la valeur linguistique comme une en- tité purement négative, différentielle et oppositive. Il ne faut attacher aucune importance aux étiquettes approximatives que nous avons proposé: inactuel, etc. Nous ne l’avons fait que pour la commodité et par référence aux significations du discours. Mais seules comptent les différences et les oppositions. On pourrait fort bien remplacer ces étiquettes, ainsi que la nomenclature traditionnelle, par des lettres ou des chiffres, représenter p. ex. le présent, l’imparfait, etc., par a, ß, etc., et Vinactuel, le conjecturé, Vaccompli par a, b, c. La formule du présent serait a = -a-b-c, celle de l’imparfait ß = +a-b-c, et on aurait a D ß. Le seul élément positif est l’accord des parleurs à attribuer la même valeur significative aux diffé- rences.
Notes
1A. Burger, Significations et valeur du suffixe verbal français -ę-, CFS 18 (1961), p. 5 ss.
*Cahiers Ferdinand de Saussuve 19 (1962), p. 67-76.