“FERDINAND DE SAUSSURE (1857-1913)” in “Portraits of Linguists: A Biographical Source Book for the History of Western Linguistics, 1746-1963, V. 2”
FERDINAND DE SAUSSURE (1857-1913)
Notice
Robert Gauthiot
Ferdinand de Saussure, qui a été pendant dix ans (de 1881 à 1891) maître de conférences à l’Ecole, est mort le 22 février 1913. Il était resté profondément attaché à notre Ecole, à laquelle le rattachait le souvenir d’une activité particulièrement féconde, et il avait un des premiers adhéré à notre groupement.
Je ne parlerai pas ici de l’œuvre de F. de Saussure en général, et je ne chercherai pas à retracer dans leur ensemble sa figure et sa personnalité. L’Annuaire de la Section contient une notice nécrologique où l’une et l’autre apparaissent vivantes, et qui est due à son meilleur élève, à son successeur ; qu’il suffise d’y renvoyer. Je dirai seulement, bien que cela puisse paraître superflu et parce que je ne peux ni ne veux résister au désir d’évoquer, alors que l’occasion s’en offre, un tel souvenir, que j’ai connu personnellement Ferdinand de Saussure. Vivant, il était bien celui que faisaient attendre sa doctrine, son merveilleux ‘Mémoire’, ses articles et ses notes ; avec lui, point de désillusion. J’ai entendu les termes imagés dont il revêtait sa pensée abstraite ; j’ai été suspendu ‘à cette pensée en formation qui se créait’ devant moi, pour la caractériser par les mots mêmes que M. A. Meillet a employés à cet effet avec tant de bonheur. Mais de plus j’ai eu la sensation très nette, et singulièrement intense, que la pensée de F. de Saussure était toujours en activité ; j’ai su que le grand doctrinaire aux formules rigoureuses était un auditeur et un causeur incomparables, à l’esprit souple, à la parole, à la voix pleines de charme, à l’accueil bienveillant. J’avais appris par ses écrits qu’il était capable de génie ; en faisant sa connaissance personnelle j’ai appris ce que c’est qu’un homme de génie.
Pendant les trois années que F. de Saussure a étudié en Allemagne, il a pris conscience de sa pleine maturité ; de 1876-1877 à 1878-1879, de l’âge de dix-neuf ans à celui de vingt et un, sa personnalité très indépendante s’est affirmée au contact des ‘Neugrammatiker’ d’alors, MM. Leskien, Brugmann et Braune, Hiibschmann et Osthoff. Pendant la longue période de temps où il a enseigné à l’Université de Genève, son activité apparaît comme légèrement ralentie, et son influence se fait sentir surtout en matière de linguistique générale ; les travaux de MM. Bally et Sechehaye en portent témoignage. Bien entendu, ceci ne doit pas faire perdre de vue les recherches de grammaire historique de MM. Bally et L. Gautier, par exemple. Mais les dix ans que F. de Saussure a passés à notre école, qui sont ce qui intéresse avant tout notre Association et son Bulletin, portent leur marque propre et ont été singulièrement riches en conséquences.
Lorsqu’en 1880 F. de Saussure, ‘maître de conférences de gothique et de vieux-haut-allemand’, inaugura son enseignement, il n’y avait rien en France qui fût comparable au mouvement des ‘néogrammairiens’ d’Allemagne. M. Bréal avait appris au public lettré français, aux philologues de ce pays l’existence, les principes et quelques-uns des résultats de la grammaire comparée, telle que l’avaient instituée Bopp et Pott, Curtius et Schleicher. Aussitôt que F. de Saussure est arrivé à Paris, M. Bréal a reconnu, avec sa finesse coutumière, que l’on était en présence d’un maître et, avec un rare désintéressement, il a renoncé en sa faveur à la conférence qu’il faisait à notre Section. L’influence personnelle, l’enseignement de F. de Saussure devraient créer une école.
Les premières années d’enseignement de F. de Saussure à l’Ecole n’ont pas été les plus notables, du point de vue qui nous intéresse ici. Son cours de germanique, car c’est là ce qu’était en fait son enseignement du ‘gothique’ (à apprendre en six semaines) et du vieux-haut- allemand, a sans doute attiré de suite des auditeurs, mais non des élèves. Tels ont été, par exemple, MM. Bauer, Leger, Kont, Lévi, Pineau, Laudenbach, Lichtenberger, Schwob. Mais dès la quatrième année de cours, s’ouvre la liste des linguistes par le nom de Duvau, que sans doute personne à l’Ecole n’a encore oublié ; puis de la cinquième à la huitième année, les noms se suivent et se groupent ; à la neuvième déjà, F. de Saussure peut se faire suppléer, pendant un congé d’un an, par un de ses élèves à l’Ecole, M. A. Meillet. La dixième année est malheureusement la dernière de son enseignement à Paris, mais l’œuvre est accomplie, la moisson est prête.
Le maître avait fait école : l’enseignement de la méthode linguistique, qu’il avait commencé à l’aide du germanique, il l’a élargi, dès la septième année, au moyen d’un cours de grammaire comparée du grec et du latin. La huitième année, il abordait l’exposé de la grammaire du lituanien. Et si l’on suit la série des travaux originaux de F. de Saussure parallèlement à son enseignement, on reconnaît tout ce qu’il apportait à ses élèves de matériaux inédits, de connaissances personnelles, de faits nouveaux, outre sa maîtrise dans la méthode et dans son exposé. Enfin, il avait fait aimer ces formules abstraites auxquelles il donnait tant d’élégance, ces systèmes rigoureux qu’il faisait voir gros de développements possibles. Encore une fois, la moisson semblait prête.
Et pourtant la mort avait commencé son œuvre sous les yeux mêmes de F. de Saussure : la fin de sa huitième année d’enseignement à l’Ecole avait été attristée ‘par la perte que l’Ecole a faite dans la personne d’un de ses élèves les plus zélés et les mieux doués pour la linguistique, M. Georges Guieysse’, ainsi qu’il l’a dit lui-même. Par la suite, Mohl et le successeur direct de F. de Saussure à l’Ecole, Duvau, ont été enlevés l’un et l’autre de façon prématurée.
Malgré ces pertes nombreuses pour un groupe naturellement petit, malgré ces atteintes cruelles, l’école fondée ici par F. de Saussure s’est maintenue et fortifiée. Certes, la grammaire n’a joui d’aucun appui officiel ; on a tendu, au contraire, à l’éliminer des épreuves d’Etat, à n’en tenir aucun compte, ou à peu près. Mais les hommes de valeur qui s’étaient groupés autour du maître ont tous atteint, sinon une situation égale à leur mérite, du moins une position scientifique éminente : MM. A. Meillet et M. Grammont se sont consacrés à la linguistique de façon spéciale, et tandis que M. M. Grammont occupe la seule chaire uniquement consacrée àla grammaire comparée que possèdent les universités françaises, celle de Montpellier, M. A. Meillet enseigne à la fois au Collège de France et à l’Ecole pratique des Hautes Etudes. Les autres élèves de F. de Saussure ont fait choix de domaines plus étroits. N’était-ce pas un des dons de cet homme incomparable de percevoir dans chaque domaine linguistique particulier à la fois les traits spéciaux et les traits généraux, et de pouvoir présenter sous l’aspect le plus vivant, je dirai presque le plus charmant, toutes les possibilités de chaque discipline ? Lui qui n’était pas un slavisant, qui plutôt ne voulait pas passer pour tel, était en fait plus apte que n’importe qui à lancer à l’étude des langues slaves un linguiste débutant et à lui communiquer le feu et l’énergie nécessaires. Rien que de naturel, par suite, à ce que M. Boyer, professeur de russe à l’Ecole spéciale des Langues orientales vivantes, à ce que M. Dottin, le celtisant bien connu, à ce que M. l’abbé Lejay, le latiniste, soient des linguistes et des élèves de F. de Saussure.
Ces savants forment, comme je l’ai déjà indiqué, une ‘école’, un groupe uni par des principes communs. Ils se basent tous sur l’enseignement donné par F. de Saussure, sur le ‘Mémoire’, et certains ont subi profondément l’influence de leur maître. Leur accord se marque extérieurement par leur groupement dans la Société de linguistique de Paris, par leur unanimité à reconnaître dans M. Meillet leur commun représentant. Ce sont d’ailleurs là des faits aujourd’hui notoires, sinon publiés jusqu’ici : les linguistes étrangers les connaissent et en tiennent compte dans la pratique ; ceux qui, en France, s’occupent de grammaire de façon scientifique ne les ignorent pas davantage. Il n’y aurait, dans de telles conditions, rien que de juste à parler d’une école linguistique ‘de Paris’, qui ne porterait pas, il est vrai, le nom de son fondateur. F. de Saussure, puisqu’aussi bien les élèves genevois du maître n’y ont pas moins droit, mais qui est profondément saussurienne ; cette école n’est pas ‘française’, parce qu’elle n’a rien de national en principe, qu’un bon savant comme V. Henry n’en a pas fait partie, et qu’il y a des Français qui sont en dehors d’elle et qui étudient les faits du langage ; mais elle est ‘de Paris’ parce qu’elle a toujours encore son foyer principal là où F. de Saussure enseignait, où elle s’est fondée, à l’Ecole des Hautes Etudes.
C’est la Section des Sciences historiques et philologiques de l’Ecole pratique des Hautes Etudes qui a été l’instrument principal du recrutement des linguistes plus jeunes de l’école de Paris. Tous sont sortis d’elle, ou ont passé par elle. Huit ans après la démission de F. de Saussure, trois linguistes débutants se trouvaient réunis aux conférences de M. Meillet, dont le premier succédait quatre ans plus tard à Duvau, à l’Ecole même, tandis que le second reprenait en 1907, comme chargé de cours, l’enseignement de grammaire comparée que donnait à l’Université de Paris V. Henry, lorsque celui-ci fut enlevé de façon prématurée ; il avait enseigné auparavant en province la grammaire des langues classiques. Quant au troisième, plus spécialement sanscritiste, il occupe depuis 1911 la chaire de sanscrit et grammaire comparée de Lyon.
Par la suite, d’autres ‘spécialistes’ portant dans leurs disciplines les méthodes et les préoccupations de l’école de Paris, y joignant des connaissances étendues en grammaire comparée, surtout des langues indo-européennes, ou en linguistique générale, se sont trouvés encore. L’un est professeur à Bordeaux, de ‘latin et grammaire comparée’; l’autre enseigne, à Lille, le latin ; un autre encore remplace actuellement à l’Ecole un directeur d’études absent. Et il faut ajouter que, malgré l’indifférence ou l’hostilité de certains milieux, malgré des circonstances défavorables variées, l’influence de l’école parisienne de F. de Saussure s’est exercée sur des romanistes, des hellénistes, des latinistes, des slavisants, des arménisants, des sémitisants.
F. de Saussure a vu et suivi le développement de son école de Paris. Il était d’une exquise bienveillance pour ses élèves et pour ses ‘petits-élèves’ français. Il voyait se développer chez eux les principes qu’il leur avait légués, pour aboutir à des conclusions analogues à celles auxquelles il arrivait lui-même : la grande place qu’il a donnée dans son enseignement à Genève à la linguistique générale, l’école de Paris la lui a donnée aussi ; et son successeur à l’Université de Genève, M. Bally, a montré que la conception du langage comme fait social, affirmée par l’école de Paris, était tout à fait nette chez F. de Saussure.
Les liens étaient, on le voit, étroits et nombreux entre l’Ecole des Hautes Etudes et F. de Saussure.
Source: Robert Gauthiot, ‘Notice,’ in Ferdinand de Saussure 1857-1913 (Geneva, 1915 [1962]), pp. 87-95. By permission of Jacques and Raymond de Saussure.
Notice
Antoine Meillet
Parmi les savants qui, de 1875 à 1880, ont renouvelé la grammaire comparée des langues indo-européennes, il n’en est pas qui ait apporté plus d’idées neuves que Ferdinand de Saussure, ni dont l’influence ait été plus profonde sur tout le développement ultérieur. Après plus de trente ans écoulés, les idées qu’exprimait F. de Saussure dans son travail de début n’ont pas épuisé leur fécondité. Et pourtant ses disciples ont le sentiment qu’il n’a pas à beaucoup près tenu dans la linguistique de son temps la place que devaient lui valoir ses dons géniaux, et il leur semble que sa mort, prématurée certes, mais survenue cependant après de longues années d’activité, a privé les linguistes d’un grand nombre de vues capitales.
Ferdinand de Saussure est né le 26 novembre 1857 dans une de ces maisons de gentilhommes français réfugiés à Genève où la plus haute culture intellectuelle est depuis longtemps une tradition : il était l’arrière-petit-fils du célèbre naturaliste de Saussure.
Après avoir fait à Genève ses études secondaires et y avoir commencé en 1875-1876 ses études universitaires, il a été par une heureuse inspiration conduit à l’Université de Leipzig où il est resté durant quatre semestres : 1876-1877 et 1877-1878 ; auprès de G. Curtius, qu’étonnaient les idées nouvelles, se groupaient alors de jeunes maîtres qui transformaient la grammaire comparée : M. Leskien, qui venait de recevoir une chaire de slave, M. Brugmann, privatdocent, et qui devait un jour succéder à Curtius, Osthoff, Hubschmann, M. Braune. C’est dans ce groupe jeune et actif que s’échangeaient les idées et que se préparaient les travaux qui devaient en peu d’années donner à la grammaire comparée des langues indoeuropéennes un aspect tout nouveau. L’étudiant de vingt ans qu’était alors F. de Saussure pouvait se mêler en égal aux échanges de vues qui se produisaient. Je tiens de lui qu’il avait déjà reconnu, en apprenant le grec au gymnase, que l’a, dans des cas tels que le grec τατόѕ, ne pouvait représenter autre chose qu’une nasale : il avait ainsi deviné la découverte des nasales voyelles qui est un des premiers beaux titres scientifiques de M. Brugmann. Dès le 13 mai 1876, il était entré à la Société de linguistique ; dès le 13 janvier 1877, on commençait à donner à la Société lecture d’une longue communication du nouveau membre ; et les fascicules du volume III des Mémoires de la Société imprimés en 1877 renferment plusieurs articles du jeune auteur. Les premiers de ces articles, celui sur le suffixe indo-européen -t-, celui sur les verbes latins en -eo, sont encore en partie engagés dans des théories de l’époque antérieure, et ce sont des œuvres de jeunesse, maintenant caduques en grande partie. Mais déjà l’article sur le traitement du groupe -tt- en latin est d’une fermeté singulière. Et le grand mémoire sur les différents a indoeuropéens, qui a été lu dans la séance du 21 juillet 1877 et publié dans les p. 359-370 du tome III des Mémoires, apportait une découverte décisive : la preuve de l’antiquité indo-européenne de l’opposition e et a, o, par le fait que les gutturales sont représentées en sanscrit par des palatales telles que c devant un ancien e, par des gutturales telles que k devant un ancien a ou o ; F. de Saussure ne devait pas être le seul à attacher son nom à cette trouvaille qui tranchait de manière définitive une longue contestation et qui donnait une base solide aux nouvelles théories ; M. Collitz la publiait de son côté vers le même temps ; d’autres encore la faisaient indépendamment.
Mais ce que seul pouvait un esprit capable d’ordonner toutes les trouvailles de détail et d’en faire un système, c’était de poser dans son ensemble la théorie du vocalisme indo-européen. Un an plus tard, en décembre 1878, au moment où il venait d’avoir 21 ans, l’étudiant de six semestres publiait le Mémoire sur le système primitif des voyelles dans les langues indo-européennes, dont le titre porte la date de 1879. F. de Saussure suivait alors à Berlin les cours de Zimmer et de M. Oldenberg. Mais l’élève avait toute la maturité d’un maître.
Voici le principe de la doctrine. Toutes les alternances vocaliques qu’offrent les anciennes langues indo-européennes sont ramenées à celles d’une seule et même voyelle qui tantôt a la forme e, tantôt la forme o, et tantôt manque tout à fait. Ce que l’on appelle les voyelles i et u, ce ne sont pas des voyelles proprement dites ; ce sont les formes vocaliques de sonantes qui apparaissent ailleurs sous la forme de seconds éléments de diphtongues ou de consonnes y et w ; les voyelles i et u ne sont que des y et w voyelles, parallèles à r, l, m, n, en regard des consonnes r, 1, m, n. Même les voyelles ā, ē, ō des types tels que ϊστâμι, τíθημι, δíδωμι du grec se ramènent au type général ; tout se passe comme si elles étaient composées de e (alternant avec o, zéro) et d’un élément spécial, qui apparaît à l’état isolé en sanscrit comme i, en latin comme ă, en grec comme ă, ε, ou o, à savoir le type de scr. pitâr-, gr. πατέρ-, lat. pater-. Le vocalisme indo-européen était ainsi réduit à un système rigoureux où toutes les alternances régulières employées dans les formes grammaticales trouvaient leur place naturelle et qui s’impose par là même à l’esprit avec la clarté de l’évidence. La théorie de l’élément qui est représenté en sanscrit par i, en latin par a, etc., conduisait à poser des racines dissyllabiques dont cet élément constitue la seconde tranche ; toute une série de formes des sonantes, les sonantes ‘longues ’, étaient expliquées par là. Les verbes sanscrits du type punati et grecs du type δaμνāμι étaient tout éclairés par cette doctrine : ils entraient dans la série du type scr. yunákti qui, du coup, se dénonçait comme ayant une antiquité indo-européenne, bien qu’elle soit attestée dans le seul groupe indo-iranien. La découverte du système des voyelles indoeuropéennes trouvait sa vérification par ceci qu’elle permettait pour la première fois d’interpréter correctement de nombreux faits de phonétique et de morphologie. Rien ne trahit la jeunesse ou l’inexpérience : les faits utilisés sont nombreux, et ils sont cités avec une admirable sûreté ; l’auteur avait dès lors une érudition immense, mais déjà il savait aussi n’en montrer que juste ce qui était nécessaire pour le sujet étudié. Jamais, ni avant ni après le Mémoire, il n’a paru sur la grammaire comparée un livre si sûr, si neuf et si plein.
Le Mémoire a suffi pour classer du coup F. de Saussure parmi les maîtres de la linguistique de son temps. Mais il n’a pas produit aussitôt tous ses effets. Des linguistes qui avaient avant lui étudié le vocalisme et qui n’y avaient vu que désordre reprochaient au système de F. de Saussure d’être fait à la règle et au compas, comme s’il n’existait pas dans chaque langue un ordre rigoureux. D’autres empruntaient au système telle ou telle de ses parties, sans s’apercevoir que tout s’y tient et que les fragments détachés les uns des autres perdent leur signification. Le premier livre de grammaire comparée publié en Allemagne où il soit complètement tenu compte du Mémoire et où les résultats en soient estimés à leur prix est l’Ablaut de M. Hirt, en 1900.
La dissertation de doctorat, apportée à Leipzig en février 1880, fait un singulier contraste avec le Mémoire. Autant est vaste le sujet du Mémoire et autant les théories qui y sont soutenues ont de portée pour toute la grammaire comparée et, par le caractère de régularité reconnu aux faits de langue, pour toute la linguistique, autant la dissertation, De l’emploi du génétif absolu en sanscrit, parue à Genève avec la date de 1881, est un simple article technique. F. de Saussure s’attache à y déterminer un emploi particulier, assez peu fréquent, d’un cas en sanscrit classique. Le travail montre quelle était la solidité des connaissances, de l’auteur et quelle était en sanscrit l’étendue de ses lectures. Ce devait être le dernier ouvrage publié par l’auteur.
A la rentrée de 1880, F. de Saussure se fixe à Paris, où il trouvait des linguistes qui développaient aussi des idées nouvelles : M. L. Havet, James Darmesteter, Bergaigne, d’autres encore. Dès le 4 décembre 1880, il prend part activement aux discussions de la Société de linguistique. A la rentrée de 1881, M. Bréal, toujours empressé à ouvrir la voie aux jeunes talents, abandonnait sa conférence de grammaire comparée à l’Ecole des Hautes Etudes pour lui faire place ; et le 5 novembre 1881, F. de Saussure était chargé d’enseigner à l’Ecole la grammaire comparée des langues germaniques ; son titre a été élargi ensuite, et l’enseignement de la grammaire comparée purement et simplement restitué. Le 16 décembre 1882, F. de Saussure devenait secrétaire adjoint de la Société de linguistique en remplacement de M. L. Havet, qui abandonnait ses fonctions. Jusqu’à son départ de Paris, les procès-verbaux des séances ont été rédigés par lui, avec la ferme élégance qui lui était propre ; mais ces procès-verbaux ne rappellent que trop rarement les observations par lesquelles, avec une discrétion et une courtoisie exquise, où se devinait souvent une douce ironie, F. de Saussure indiquait les points faibles des communications qu’il venait d’entendre ou en marquait l’intérêt.
F. de Saussure n’a donné à l’Ecole des Hautes Etudes que neuf années d’enseignement, d’abord de 1881 à 1889, puis, après un an d’interruption, une nouvelle année en 1890-1891. Mais durant ce peu de temps, son influence a été immense : pour ne parler que des purs linguistes, L. Duveau, G. Mohl, morts avant le temps, MM. M. Grammont, F. Dottin, P. Boyer et le signataire de ces lignes ont fortement subi son action. F. de Saussure était en effet un vrai maître : pour être un maître, il ne suffit pas de réciter devant des auditeurs un manuel correct et au courant ; il faut avoir une doctrine et une méthode et présenter la science avec un accent personnel. Les enseignements que l’étudiant recevait de F. de Saussure avaient une valeur générale, ils préparaient à travailler et formaient l’esprit ; ses formules et ses définitions se fixaient dans la mémoire comme des guides et des modèles. Et il faisait aimer et sentir la science qu’il enseignait ; sa pensée de poète donnait souvent à son exposé une forme imagée qu’on ne pouvait plus oublier. Derrière le détail qu’il indiquait, on devinait tout un monde d’idées générales et d’impressions ; d’ailleurs, il semblait n’apporter jamais à son cours une vérité toute faite ; il avait soigneusement préparé tout ce qu’il avait à dire, mais il ne donnait à ses idées un aspect définitif qu’en parlant ; et il arrêtait sa forme au moment même où il s’exprimait ; l’auditeur était suspendu à cette pensée en formation qui se créait encore devant lui et qui, au moment même où elle se formulait de la manière la plus rigoureuse et la plus saisissante, laissait attendre une formule plus précise et plus saisissante encore. Sa personne faisait aimer sa science ; on s’étonnait de voir cet œil bleu plein de mystère apercevoir la réalité avec une si rigoureuse exactitude ; sa voix harmonieuse et voilée ôtait aux faits grammaticaux leur sécheresse et leur âpreté ; devant sa grâce aristocratique et jeune, on ne pouvait imaginer que personne reproche à la linguistique de manquer de vie.
A partir de 1891, c’est à l’Université de Genève, sa patrie, que F. de Saussure enseigne le sanscrit et la grammaire comparée ; dans les dernières années de sa vie, il avait de plus accepté d’y enseigner la linguistique générale. Cet enseignement a produit de nouveaux disciples dont deux se sont déjà fait un nom : M. Bally et M. Sechehaye.
Quand, en juillet 1908, quelques-uns des anciens élèves de F. de Saussure, auxquels s’étaient joints d’autres savants, lui ont offert un recueil de mélanges publié par la Société de linguistique, ils n’ont pu indiquer assez par là leur dette vis-à-vis de leur maître. Pour ma part, il n’est guère de page que j’aie publiée sans avoir un remords de m’en attribuer seul le mérite : la pensée de F. de Saussure était si riche que j’en suis resté tout pénétré. Je n’oserais, dans ce que j’ai écrit, faire le départ de ce que je lui dois ; mais je suis sûr que l’enseignement de F. de Saussure est pour beaucoup dans ce que des juges bienveillants ont parfois pu trouver à y louer.
Après le Mémoire, qui n’a dû sans doute sa publication qu’à la belle hardiesse de la première jeunesse, F. de Saussure n’a plus estimé avoir poussé assez avant la théorie d’aucun fait linguistique pour l’exposer au public. Il n’était pas de ceux qui se hâtent de publier leurs idées avant de les avoir mûries, avant d’en avoir fait un système complet et cohérent et d’avoir rendu compte de toutes les difficultés. Trop soucieux de faire œuvre définitive, il n’a plus rompu le silence que pour publier des notes assez brèves, souvent de simples bas de pages des Mémoires de la Société de linguistique. Ses derniers articles n’ont sans doute paru que par suite de l’obligation où il se croyait tenu de donner quelques pages à certains recueils ; le scrupule avec lequel il tenait sa parole, le zèle avec lequel il s’associait à des manifestations collectives étaient touchants pour qui savait avec quelle répugnance il se décidait à toute publication. Ses principaux articles figurent désormais dans des recueils de mélanges : Mélanges Graux, Mélanges Renier, Mélanges Leskien, Mélanges Nicole, Mélanges L. Havet, Mélanges Thomsen ; et il est permis de se demander si les belles recherches sur les déplacements de l’accent lituanien auraient jamais été même indiquées au public sans le Congrès des orientalistes de Genève où F. de Saussure, l’un des organisateurs, se jugeait obligé de faire une communication. Ce n’est parfois qu’une question posée par hasard qui laisse entrevoir avec quelle connaissance des choses et quelle netteté de pensée F. de Saussure envisageait certains sujets, ainsi les noms de parenté, sur lesquels on peut lire une note de lui dans A. Giraud-Teulon, Les origines du mariage et de la famille (Genève, 1884), p. 494-503. Ces trop rares publications, arrachées à la conscience scientifique de l’auteur par le sentiment de certains devoirs, ont été riches de résultats nouveaux et capitaux.
En 1884, dans les Mélanges Graux, F. de Saussure met en évidence le principe du rythme des mots grecs : les successions de trois brèves tendent à être évitées par la langue. L’originalité de la remarque consiste en ceci qu’il ne s’agit pas d’une formule phonétique rigide, mais de la constatation d’une tendance qui se fait jour par des moyens variés. Il a suffi d’étendre cette constatation au sanscrit et sans doute aussi au latin pour déterminer le principe fondamental du rythme indo-européen, qui était un rythme purement quantitatif.
En 1887, dans les Mélanges Renier, l’article sur les Comparatifs et superlatifs germaniques de la forme inferus, infimus a moins de portée ; mais une fois de plus l’auteur y présente un système de faits rigoureusement cohérent, et la précision des conclusions, la rigueur de l’exposé en font un modèle.
La courte note de la p. 161 du volume VI des Mémoires sur Bονκóλοѕ, communiquée à la séance de la Société de linguistique du 5 décembre 1885, résout élégamment une assez grosse difficulté de la question des labio-vélaires indo-européennes.
La note des Mémoires, VI, 246-257, communiquée à la Société dans la séance du 8 janvier 1887 et complétée le 2 avril de la même année, sur Un point de la phonétique des consonnes en indo-européen, montre avec quelle profondeur F. de Saussure avait réfléchi sur la question, si obscure et délicate de la syllabe. De la constitution même de groupes tells que -etro- en indo-européen il résulte que -etro- et -ettro- étaient indiscernables, et par suite que, devant un mot tel que *bhitro-, on ne saurait dire s’il faut couper *bhi-tro- ou *bhi(t)-tro, c’est-à-dire si la racine est *bhi- ou *bhid-,
La dernière série de petites notes que F. de Saussure ait donnée aux Mémoires est celle du volume VII, p. 72-93, en 1889 ; elle est toute pleine d’observations ingénieuses sur les faits les plus variés.
Au volume IV des Indogermanische Forschungen, dédié à M. Leskien, a été donnée une étude Sur le nominatif pluriel et le génitif singulier de la déclinaison consonantique en lituanien (p. 456-470). C’est un modèle de critique linguistique des textes lituaniens du XVIe siècle : ‘La valeur d’une forme est tout entière dans le texte où on la puise, c’est-à-dire dans l’ensemble des circonstances morphologiques, phonétiques, orthographiques qui l’entourent et l’éclairent.’
Dès ce moment, F. de Saussure travaillait à la question de l’intonation et de l’accent en lituanien, dont il projetait de faire un exposé complet. Le 8 juin 1889, il fait à ce sujet une première communication à la Société de linguistique, sur les relations entre l’intonation et la quantité. Une seconde communication, faite en septembre 1894, au Congrès des orientalistes de Genève, apportait la règle relative au déplacement de l’accent en lituanien en fonction de l’intonation. Le livre annoncé n’a pas paru, et l’on n’a un aperçu du système que F. de Saussure avait constitué et qu’il n’a pas trouvé assez achevé à son gré que par deux articles : un article développé, commencé au volume VIII des Mémoires (en 1894), où il est établi en quelles conditions apparaissent à l’intérieur des mots lituaniens les deux intonations, douce et rude (cet article n’a jamais été terminé, et il est le dernier que F. de Saussure ait donné aux Mémoires) ; puis un résumé, très condensé, de toutes les règles relatives aux déplacements de l’accent lituanien, dans l’Anzeiger annexé aux Indogermanische Forschungen, VI, 157-166. L’article et le résumé ont servi de base à tout ce qui s’est fait depuis sur l’accentuation lituanienne, et ils ont illuminé du même coup l’intonation lette et l’accentuation slave. Mais rien ne remplacera l’exposé que F. de Saussure aurait pu faire lui-même et qui aurait mis un ordre définitif dans un sujet particulièrement embrouillé. F. de Saussure redoutait par-dessus tout de voir gâcher les questions de ce genre par des indications partielles qui, ne portant que sur des détails du sujet, présentent tout sous un jour faux. Il n’y a pas de vérité scientifique hors d’un système complet où tous les faits sont mis à leur place juste. Faute de l’exposé de F. de Saussure, l’accentuation lituanienne et l’accentuation slave demeurent dans une pénombre.
A partir de cette date, les publications s’espacent de plus en plus. F. de Saussure aborde des sujets nouveaux, en partie étrangers à la linguistique, comme le poème des Nibelungen ; il y applique son esprit puissant, perspicace et systématique ; mais il ne se résout à rien livrer de ces longues réflexions.
Ayant accepté de publier deux inscriptions phrygiennes provenant de la mission Chantre en Cappadoce, il déchiffre avec un soin et une pénétration admirables ces monuments mutilés et inexplicables et les publie dans la Mission en Cappadoce de Chantre (Paris, 1898). Perdu dans un volume qui n’a aucun caractère linguistique, cet article a été peu remarqué. Les observations qu’il contient sur le suffixe -ηνοѕ (dor. -ανοѕ) de noms de peuples ont toute la rigueur et la précision qui caractérisent F. de Saussure : il y reconnaît un suffixe emprunté à une langue asiatique, sans doute au phrygien. Et il tire incidemment de cette remarque des conclusions frappantes : ‘Absolument le seul ethnique ancien qui, ne se rapportant pas à l’Asie, finit pour les Grecs en -ηvós est Tνρσηνóѕ, dorien Tνρσανóѕ. Du fait qu’on ait Tνρσηνóѕ en grec, le nom est d’une extraordinaire confirmation, pour ce qui concerne les Etrusques, de leur origine orientale (étant dans la double impossibilité d’avoir été inventé par les Grecs qui ne connaissaient pas -ηνóѕ, ou par les Latins qui disaient Etrusci, Tusci). Pour ce qui est de l’origine de -ηνóѕ, luimême, un nom comme T νρσηνοí, clairement asiatique et cependant antérieur à l’influence perse, est la meilleure preuve que le nom n’avait rapport qu’a l’Asie Mineure seule.’
Les trois derniers articles se rattachent directement aux théories du Mémoire. C’est la note étymologique. DΩμήλνσιs, à Tριπτóλєμοѕ Mélanges Nicole (1905), p. 503-514, où se trouve une observation neuve et imprévue sur un fait de vocalisme grec, la note Sur les composés latins du type agricola, Mélanges L. Havet, p. 459-471, et la note de la Festschrift V. Thomsen (1912), p. 202-206, sur Les adjectifs indo-européens du type caecus ‘aveugle’, où le vocalisme radical a de nombreux adjectifs indiquant des infirmités est attribué à une sorte d’action analogique portant sur le vocalisme.
Des réflexions sur la linguistique générale qui ont occupé une grande partie des dernières années, rien n’a été publié. F. de Saussure voulait surtout bien marquer le contraste entre deux manières de considérer les faits linguistiques : l’étude de la langue à un moment donné et l’étude du développement linguistique à travers les temps. Seuls les élèves qui ont suivi à Genève les cours de F. de Saussure sur la linguistique générale ont pu jusqu’ici profiter de ces idées ; seuls, ils connaissent les formules précises et les belles images par lesquelles a été illuminé un sujet neuf.
Déjà la santé de F. de Saussure s’altérait ; dans l’été de 1912, il devait suspendre son enseignement, et le 22 février 1913 il mourait. Il avait produit le plus beau livre de grammaire comparée qu’on ait écrit, semé des idées et posé de fermes théories, mis sa marque sur de nombreux élèves, et pourtant il n’avait pas rempli toute sa destinée.
Source: Antoine Meillet, ‘Notice,’ in Ferdinand de Saussure 1857-1913 (Geneva, 1915 [1962]), pp. 69-85. By permission of Jacques and Raymond de Saussure.
Ferdinand de Saussure1
Wilhelm Streitberg
Ferdinand de Saussure, dessen vorzeitigen Tod wir beklagen, nimmt unter den Forschern, deren Arbeiten in den siebziger Jahren des verflossenen Jahrhunderts eine neue Epoche der indogermanischen Sprachwissenschaft begründeten, eine ganz besondere Stellung ein : Nicht einzelnen Entdeckungen verdankt er seinen Ruhm — seine wahre, seine einzigartige Bedeutung liegt in der systembildenden Kraft seines Geistes. Seine unvergleichliche Stärke ist die Synthese ; alle Einzelbeobachtungen sind ihm nur Bausteine zu dem planvoll gefügten Gebäude des Systems ; er ruht und rastet nicht, bis sich alle Tatsachen, aus ihrer Vereinzelung erlöst, zu einem harmonischen Ganzen zusammenschließen.
Der Sicherheit der innern Form entspricht die durchsichtige Klarheit der äußern Form, de Saussures Darstellung weist stets eine streng logische Entwicklung auf ; zwischen Wesentlichem und Unwesentlichem wird scharf unterschieden ; alles nicht unbedingt zur Sache Gehörige bleibt als unnützer Ballast bei Seite ; die Sprache ist knapp, bestimmt, immer geschmackvoll.
Erstaunlich ist, wie früh de Saussure zu voller Reife gelangt ist. Als der Einundzwanzigjährige das Mémoire veröffentlichte, war seine Entwicklung schon völlig abgeschlossen ; die fünfunddreißig Jahre des spätem Lebens haben zu dem Bilde des Forschers, wie es uns im Mémoire entgegentritt, keinen neuen Zug hinzufügen können : als der Verfasser des Mémoire wird de Saussure im Gedächtnis der Nachwelt leben.
Ferdinand de Saussure wurde am 26. November 1857 zu Genf geboren. Er entstammt einer alten lothringischen Familie, die in den Glaubenskämpfen des 16. Jahrhunderts nach Genf ausgewandert ist. Eine Reihe namhafter Naturforscher sind aus der Familie hervorgegangen ; der bekannteste unter ihnen ist Horace Bénédicte de Saussure, der schon mit 22 Jahren eine Professur in Genf bekleidete. Seine Frühreife kehrt bei Ferdinand de Saussure wieder. Auch von dem naturwissenschaftlichen Geiste, der in der Familie herrschte, ist manches auf Ferdinand de Saussure übergegangen. Seine Neigung zur Sprachwissenschaft wurde durch Adolf Pietet, den Verfasser der Origines indo-européennes schon früh geweckt und gefördert.
Im Jahre 1875 bezog Ferdinand de Saussure die Universität Genf. Außer Philosophie, Kunstgeschichte, Chemie und Physik studierte er hier vor allem klassische Philologie. Im Herbst 1876 siedelte er nach Leipzig über.2 Es war ein Zufall, der ihn grade dorthin führte : die Anwesenheit einiger Jugendfreunde in Leipzig war für seine Wahl bestimmend. Aber dieser Zufall war für ihn die glücklichste Fügung des Schicksals. Nirgends hätte de Saussures Begabung einen günstigem Nährboden finden können als in dem Leipzig der siebziger Jahre. Hier lehrten Leskien, Osthoff, Brugmann, Hübschmann, Braune ; hier vollzog sich in jener Zeit die epochemachende Umbildung der sprachwissenschaftlichen Anschauungen.
Aus dem Jahre 1876 stammen auch die ersten Arbeiten de Saussures, die im 3. Bande der Mémoires de la Société de Linguistique vereinigt sind. Zwar die beiden Aufsätze Le suffixe-t- und Remarques de grammaire et de phonétique zeigen die Klaue des Löwen noch nicht. Ganz anders aber liegen die Dinge bei dem dritten Beitrag,3 dem Essai d’une distinction des différents a indo-européens (359-370). Der Aufsatz ist in mehr als einer Hinsicht merkwürdig. Für die Entwicklung de Saussures ist er darum bedeutsam, weil hier zum erstenmal die Fragen anklingen, die kurze Zeit darauf das Mémoire in so klassischer Form behandeln sollte. Mit Staunen sieht man, wie weit der Weg vom Essai zum Mémoire ist, mit größerm Staunen, wie rasch ihn de Saussure zurückgelegt hat. Von Brugmanns Untersuchungen im 9. Bande der Studien angeregt, stellt der Verfasser zwei scharf von einander geschiedene Vokalreihen auf : a — a2 und A — A շ. Jener entsprechen in den klassischen Sprachen e — о, dieser dagegen а — ā oder 0 — ō. Eigentümlich ist, daß de Saussure den Stammauslaut der e/0-Bildungen nicht zur a-, sondern zur A-Klasse rechnet und diese befremdende Einordnung eingehend zu begründen sucht.
Eine Überraschung aber bringt der Schlußparagraph der Untersuchung. Der Verfasser berichtet, daß er nach der Unterscheidung der verschiedenen a and nach der Vollendung des Systems auf den Gedanken gekommen sei, ob der arische Wechsel von к und с mit der Natur des folgenden a in Zusammenhang stehe. Sein Ergebnis ist, daß vor ursprünglichem A das ar. к erhalten bleibe, vor а dagegen zu с palatalisiert werde.
Durch diese Erkenntnis stellt sich der Neunzehnjährige zu den Entdeckern des Palatalgesetzes, zu Tegner, Thomsen, Verner, Collitz, Joh. Schmidt. Die Annahme OsthofFs (Die neueste Sprach- forschung S. 14), de Saussures Angaben gingen mittelbar oder unmittelbar auf Verner zurück, entspricht nicht den Tatsachen, de Saussure hat mir, auf meine Anfrage, im Jahre 1903 ausdrücklich erklärt, daß er von Verners Entdeckung bei der Abfassung der Untersuchung keine Kenntnis gehabt habe. Aber auch abgesehn von dieser Erklärung ergibt sich bei genauerm Zusehn aus dem Texte selbst, daß von einem Einfluß Verners keine Rede sein kann : niemals würde de Saussure dem Palatalgesetz die für ihn charak- teristische Formulierung gegeben haben, wenn er Verners Fassung gekannt hätte. Denn um die Formel de Saussures ist es ganz eigentümlich bestellt : ihm dient das Palatalgesetz nicht dazu, a und a շ (d. i. e und 0) von einander zu scheiden, sondern A und а (а —• a2) : vor A unterbleibt die Palatalisierung, vor a (sowohl a wie auch a2) tritt sie ein : arcami, arcāmas haben lautgesetzliches c, obwohl ihr ā einem idg. a2 (griech.-lat. 0) entspricht, arka- dagegen hat ebenso lautgesetzliches k, weil sein a auf idg. A beruht. Man sieht, wie verhängnisvoll dem Palatalgesetz de Saussures der vorhin betonte Irrtum über die Natur des Stammauslauts der e/0-Bildungen geworden ist. Er hat ihn gehindert, den entscheidenden letzten Schritt zu tun.
Aber so hoch man auch die — freilich nicht völlig gelungene — Entdeckung des Palatalgesetzes anschlagen mag, unvergleichlich höher steht doch das folgende Werk des jugendlichen Forschers, das geniale Mémoire sur le système primitif des voyelles dans les langues indo-européennes. Es ist in den Jahren 1877 und 78 ausgearbeitet worden, im Dezember 1878 erschienen. Das Buch ist de Saussures Meisterwerk : noch heute, nach einem Menschenalter, wirken Inhalt und Form mit derselben bezwingenden Macht wie am Tage des Erscheinens — von wieviel sprachwissenschaftlichen Werken, auch solchen höchsten Ranges, kann man das Gleiche sagen ?
Im Mittelpunkt der Untersuchung steht das ‘ Phonème A י : die Rolle zu bestimmen, die es im idg. Vokalismus spielt, ist die Aufgabe des Buches. Alles andere, so wichtig es auch an sich sein mag, ist nur Mittel zum Zweck.
Die Theorie, die über das Phonème A aufgestellt wird, besteht aus drei Hauptthesen :
I. , ebenso ī ū, sind im Indogermanischen durch Zufügung von A zu
i u entstanden ; pūrņa- setzt also ein idg. p +
+ А voraus.
II. A findet sich im Auslaut der starken Wurzelform par -tum ;
ist hier ein wesentlicher Bestandteil der Wurzel, genau ebenso wesentlich wie ρ oder r.
III. A erscheint auch im Präsens der 9. Klasse : prņā-ti beruht auf p -ne-A-ti, das in der Bildung vollkommen mit dem Präsens der 7. Klasse ju-ne-k-ti übereinstimmt. A gehört dort ebenso zur Wurzel wie hier k.
Da A ein nicht weiter reduzierbares Element darstellt, läßt sich auch der Unterschied zwischen pūrņa- und mrta- auf keine Weise aufheben : er entspricht genau dem Unterschied zwischen yuk-ta-. und yu-ta-, Mit andern Worten : der Unterschied beruht nicht auf einer Verschiedenheit in der Behandlung des , sondern darin, daß im ersten Fall das Element A auf r folgt, im zweiten aber fehlt.
Zu diesen 3 Hauptthesen treten 2 Hilfsthesen, die an und für sich von der Theorie über A ganz unabhängig sind :
I. Griech. ρω (alias pā ρη), lat. rā, germ. ur, ai. īr ūr entsprechen einander. Das Gleiche gilt von griech. νω (vā νη), lat. nā, germ. un, ai. nā.
II. Die Erklärung dieser Gleichungen liegt in der Annahme eines idg. . Über die Natur dieser
wird hiermit nichts Näheres ausgesagt ; sie ergibt sich für den Verfasser aus der Theorie über die Rolle des A.
Ich habe mich bei dieser Angabe der Grundgedanken des Mémoire so eng als möglich an die Fassung angeschlossen, die de Saussure im Jahre 1903 für mich niederschrieb. Die leitende Idee der Untersuchung tritt uns hierin mit vollendeter Klarheit entgegen.
Die Folgerungen, die sich aus dieser Lehre von A ergeben, sind von großer Bedeutung :
1. Die ungeschwächte Form einer jeden indogermanischen Wurzel enthält e, entweder allein oder in Verbindung mit einem ‘ coefficient sonantique’. Solche ‘ sonantischen Koeffizienten ‘ sind , r l, m ո und — Α.4 Aus ihrer Verbindung mit e ergeben sich die Diphthonge e
e
, er el, em en, e A (als ē und ā auftretend).
2. Vor dem Tone schwindet e, der ‘ sonantische Koeffizient ‘ wird infolgedessen silbisch. So ergeben sich i u, ,
Α. Auffallenderweise erscheint A, namentlich am Ende der Wurzeln, in geschwächter Form als eine Art von ‘ e muet ‘.
3. ai. bhinádmi d. i. idg. bhi-né-d-mi verhält sich zu Wz. bheid wie ai. pun mi d. i. idg. pu-né-A-mi zu Wz. peųA. Ebenso ist vanômi (idg. un-né-u-mi) zu Wz. uenu gebildet. Das A von punâmi entspricht also morphologisch völlig dem d von bhinádmi, d. h. es ist ein Bestandteil der Wurzel. Es erscheint unkontrahiert in pavi-tär- (idg. peuA-tér-) usw. Wie sthā- und punā- den ‘ sonantischen Koeffizienten ’ А in unsilbischer Form enthalten, so zeigen ihn sthi- und pavi- in silbischer (reduzierter) Gestalt. Ein wichtiger morphologischer Unterschied besteht jedoch : im ersten Fall ist і (A) erst durch Reduktion aus ā (eA) entstanden, im andern Fall aber ist es ursprünglich.
Aus dieser Analyse ergibt sich mit zwingender Notwendigkeit, daß im Indogermanischen zwei Klassen von Wurzeln bestanden haben : 1) solche die aufA (ai. ) auslauten, die also zweisilbig sind, und 2) solche, denen der Auslaut A abgeht, die also nur eine Silbe haben. Die Unterscheidung zwischen sēt- und aw’i-Wurzeln, die sich bei den indischen Grammatikern findet, besteht also zu Recht und ist von grundlegender Bedeutung für die Erkenntnis des Baues der idg. Wurzeln. —
Wohl ist das Mémoire vom ersten Augenblick an begeistert gepriesen worden und hat den Namen des Verfassers mit einem Schlage berühmt gemacht, einen tiefern Einfluß auf die Entwicklung der Sprachwissenschaft hat es aber lange Jahre hindurch nicht ausgeübt. Dem System als Ganzem stand man, trotz aller Bewunderung, befremdet gegenüber und begnügte sich damit, diese und jene Einzelheit herauszugreifen, wie etwa die langen silbischen Nasale und Liquiden und ihre Vertretung in den Einzelsprachen ; doch wies man diesen meist eine Rolle zu, die in vollständigem Widerspruch mit ihrer ursprünglichen Bedeutung stand. Erst im Verlauf der neunziger Jahre begann das System als solches mehr und mehr den ihm gebührenden Einfluß auszuüben, mußte sich aber zugleich manche Umbildungen gefallen lassen. Hirts Ablautsbuch bezeichnet wohl die Höhe dieser Wirkung.
Trotz seiner wundervollen Folgerichtigkeit und Geschlossenheit lassen sich doch gegen de Saussures System manche Bedenken erheben. Es genügt für meinen Zweck einige der wichtigsten anzudeuten.
Es wird das unbestrittene Verdienst de Saussures bleiben, die Infixbildung für die 7. 9. und 5. ai. Präsensklasse endgültig fest- gestellt zu haben. Aber die von ihm gegebene Analyse der Formen ist nicht die einzig mögliche. Er zerlegt *bhi-né-d-mi, *pu-né-A-mi, *kvi-né-u-mi (cinōmi), sieht also in dem postulierten A einen ‘ sonantischen Koeffizienten entsprechend den и der 5. Klasse ; morphologisch stehn also beide Koeffizienten auf gleicher Linie mit den wurzelschließenden Konsonanten in der 7. Klasse. Man kann jedoch mit gleichem Rechte auch folgende Trennung vornehmen : *bhi-n-éd-mi, *pu-n-ā-mi, *kvi-n֊eu-mi. Bei dieser Auffassung existiert das auslautende і der sëi-Wurzeln nicht de fondation à l’état autophthonge (S. 242), sondern ist das Ergebnis der Reduktion einer betonten Länge, ist also wie das і von sthi-ta- zu beurteilen.
Dazu kommt noch ein zweites, de Saussure faßt die alten idg. Längen als Verbindungen von e + А (e + ). Hierbei ergibt sich aber eine für ihn unlösbare Schwierigkeit : für e -1-А besteht Doppelvertretung ; es erscheint, ohne erkennbaren Grund, als ē und als ā.
Eine dritte Schwierigkeit bilden die wurzelbetonten Verba wie ájati : ihr Wurzelvokal muß nach de Saussures Theorie A sein, also das Ergebnis einer Schwächung. Damit steht aber nicht nur die überlieferte Betonung, sondern auch das aind. a an Stelle des regelrechten і in Widerspruch. Die verschiedenen Versuche, diesen Widerspruch zu heben, dürfen als mißlungen bezeichnet werden. Ist aber das a von ájati γω usw. ein unreduzierter Vokal, so ist es dem e gleichwertig, die Zurückführung sämtlicher Vokalreihen auf die e-Reihe ist also nicht möglich. Stehn aber è und ά (von 0 wird auch hier abgesehn) von jeher nebeneinander, so haben wir keinen Anlaß, die alten Längen e und a als Λ-Diphthonge zu deuten ; wir brauchen dies um so weniger zu tun, als damit nur die neue Schwierigkeit der Doppelentwicklung von e A geschaffen wird. Gehn wir daher von den einfachen Längen ē ā aus, so ist der Schwächungsvokal in unbetonter Stellung (de Saussures ‘ e muet ‘) genau so verständlich wie das nhd. ə in den Imperativen salbə, habə gegenüber dem ursprünglichen ō und ē in *salbō *habē.
Da diese Einwendungen sich gegen den Kern von de Saussures Theorie, die alles beherrschende Stellung des Phonème A, richten, könnte mancher zu der Auffassung kommen, daß hierdurch de Saussures System aufs äußerste bedroht, wenn nicht gar überwunden sei. Nichts wäre irriger als eine solche Meinung. Mag man die Zurückführung aller Vokalreihen auf die e-Reihe preisgeben und damit die Existenz des ‘ Koeffizienten ‘ A leugnen — die wahre Bedeutung der Lehre de Saussures wird dadurch nicht berührt. Denn de Saussure ist es, der uns zuerst das Verständnis für den Bau der idg. Wurzeln erschlossen, der die schweren Basen ein für allemal von den leichten geschieden hat ; daran wird keine Jagd nach Determinativen, keine Atomisierung der Wurzel etwas ändern, de Saussure ist es, dem wir die Erkenntnis verdanken, daß die langen Schwundstufenvokale und die sogenannten langen Liquiden und Nasale in engster Beziehung zu den schweren Basen stehn, daß in ihnen das den schweren Basen eigentümliche А (ə) enthalten ist. Diese Entdeckungen bilden die unverrückbare Grundlage aller Ablautsforschung. —
Als das Mémoire erschien, war de Saussure nicht mehr in Leipzig ; er war zu Beginn des Wintersemesters 1878/79 nach Berlin übergesiedelt und hörte die Vorlesungen Oldenbergs und Zimmers. Nach vorübergehender Unterbrechung seiner Studien kehrte er gegen Ende 1879 nach Leipzig zurück und bestand im Februar 1880 summa cum laude das Doktorexamen. Seine Dissertation handelt De l’emploi du Génitif absolu en Sanscrit (Genf 1881). Wer von dem Mémoire zu ihr kommt, vermag sich der Überraschung nicht zu erwehren : einen größern Gegensatz kann man sich kaum denken. Dort ein geniales, allumfassendes System, hier fleißige Kleinarbeit, einem wenig ergiebigen Thema gewidmet. Für uns ist die Schrift wertvoll als Zeugnis für de Saussures treffliche philologische Schulung und seine ausgebreitete Belesenheit in der indischen Literatur.
Nach seiner Promotion begab sich de Saussure nach Paris. Auf Veranlassung M. Bréals wurde er 1881 zum Maître de Conférences an der Ecole des Hautes Études ernannt ; sein Lehrauftrag umfaßte anfangs nur die germanischen Sprachen, später die vergleichende Grammatik überhaupt, de Saussure übte als akademischer Lehrer einen großen Einfluß aus ; die jüngern Sprachforscher Frankreichs wie Meillet, Grammont, Dottin, Boyer sind aus seiner Schule hervorgegangen. Zehn Jahre lehrte de Saussure in Paris und seine Wirksamkeit ist von entscheidender Bedeutung für die Entwicklung der Sprachwissenschaft in Frankreich gewesen. Dann zog es ihn zur Heimat zurück. Im Jahre 1891 wurde er außerordentlicher Professor der idg. Sprachwissenschaft an der Universität Genf, 1896 ordentlicher Professor des Sanskrit und der idg. Sprachen. Seit 1907, nach dem Rücktritt Wertheimers, vertrat er auch das Fach der allgemeinen Sprachwissenschaft an der Universität. Von seinen Genfer Schülern seien genannt : Bally, jetzt de Saussures Nachfolger auf dem Genfer Lehrstuhl, und Séchehaye, der Verfasser des Werkes Programme et méthodes de la linguistique théorique (1908). —
Der literarische Ertrag der ersten Pariser Jahre ist gering ; er beschränkt sich auf ein paar Notizen in dem 4. und 5. Bande der Mémoires. Erst im Jahre 1884 treffen wir wieder auf eine Arbeit, die den Stempel Saussure’schen Geistes trägt und einen ganz eigentiimlichen Reiz ausübt : ich meine die Untersuchung Une loi rythmique de la langue grecque (Mélanges Graux S. 737-48). Der Aufsatz sucht nachzuweisen, daß eine Folge von drei Kürzen dem rhythmischen Gefühl der Griechen widerstrebt habe und deshalb auf verschiedene Art beseitigt worden sei. Den Anregungen de Saussures sind später Meillet und Niedermann gefolgt, doch ist es bisher nicht gelungen, zu gesicherten Ergebnissen zu gelangen.
Unter den Beiträgen zum 6. Bande der Mémoires ragen zwei hervor : B0VKÓλ0C (S. 161 f.) und Sur un point de la phonétique des consonnes en indo-européen (S. 246-57). Dort wird der auffällige Gegensatz zwischen ΒOV-KÓλOC und ΑΪ-ΠΌλΟΕ durch die feine Beobach- tung erklärt, daß nach u in allen westindogermanischen Sprachen ein Labiovelar seine Labialisation verliert, eine Erkenntnis, die auch für die Erklärung einer Reihe von germanischen Formen wie ahd. zoum u. a. von Bedeutung ist. Hier wird gezeigt, daß im Indo- germanischen doppelter dentaler Verschlußlaut vor ,
, Nasal und Liquida mit einfachem dentalen Verschlußlaut zusammenfällt, daß also griech, μίτρον, ahd. sedal die regelrechten Fortsetzungen von *med-tro-m, *sed-tlo-m sind.
Aus der langen Reihe scharfsinniger Bemerkungen im 7. Bande der Mémoires hebe ich die über die griechische Entwicklung der Konsonantengruppen -ksn- -kst- -psn- -pst- hervor : ihr s ist zu h geworden und hat sich mit der vorausgehenden Tenuis zur Aspirata verbunden. Es ist befremdlich, daß dieses klare Gesetz jahrelang nicht nach Gebühr gewürdigt wurde ; erst Hirt hat es zu allgemeiner Anerkennung gebracht.
Eine Gruppe für sich bilden die Untersuchungen zur litauischen Lautund Akzentlehre. Ich stelle den Aufsatz Sur le nominatif pluriel et le génitif singulier de la déclinaison consonantique en lituanien (IF. 4, 456-70) an die Spitze, de Saussure fragt : wann hat der Nom. Plur. akmens, moters und der Gen. Sing, akmens, moters das e der Endung verloren ? Fällt der Verlust in die Zeit vor unserer Überlieferung oder gar in eine vordialektische Periode oder ist er jungen Datums ? Im ersten Falle wäre der Schwund des e laut- gesetzlich nicht zu erklären. Mit vorbildlicher philologischer Kritik weist de Saussure nach, daß die Endung -es noch in den Texten des 16., ja selbst des 17. Jahrhunderts erhalten ist.
Dem litauischen Akzent ist ein Aufsatz im 8. Bande der Mémoires gewidmet (S. 425-48). Er sucht die Akzentqualität (Intonation) der Silben im Wortinnern festzustellen und berührt sich mit den bekannten Untersuchungen von Fortunatov und von Bezzenberger. Das Ergebnis ist : alte Vokallängen sind gestoßen betont, ebenso die langen silbischen Liquiden und Nasale ; die kurzen silbischen Liquiden und Nasale sowie die Kurzdiphthonge haben Schleifton. Gestoßen betonte Diphthonge weisen, von besondern Fällen abgesehn, auf Schwund der folgenden Silbe hin. Eine Fortsetzung der Untersuchung ist verheißen, aber niemals erschienen. Wir wissen daher nicht, wie sich de Saussure mit manchen dem Anschein nach den Hauptregeln widerstreitenden Fällen auseinander gesetzt hätte. Wie viele Aufschlüsse, die wir von seinem glänzenden Scharfsinn hätten erwarten dürfen, sind uns durch den jähen Abbruch der Arbeit verloren gegangen!
Einen weitern wichtigen Beitrag zur Erklärung der litauischen Akzentuation bieten die vorläufigen Mitteilungen im 6. Bande des Anzeigers der Idg. Forschungen (S. 157-66). Sie suchen die Regeln festzustellen, welche die litauischen Akzentverschiebungen bestimmt haben. Gewiß ist in diesen Bemerkungen nicht überall das letzte Wort gesprochen, gewiß kann man einzelne Lücken nachweisen, aber soviel läßt sich doch mit Fug behaupten : sie werden den Ausgangspunkt für jede neue Untersuchung bilden. Abermals müssen wir schmerzlich beklagen, daß uns versagt ist, uns des vollendeten Werkes zu freuen.
Ich begnüge mich damit, die Beiträge de Saussures zu den Festschriften für Nicole (1905), für Havet (1909) und für V. Thomsen (1912) im Vorbeigehn zu erwähnen, um noch einen Augenblick bei einer Bemerkung de Saussures zu verweilen, die über das Gebiet der idg. Sprachfamilie hinausgreift und grade jetzt, nach der Untersuchung Herbigs über den Zusammenhang etruskischer Namen mit kleinasiatischen, ein erhöhtes Interesse beanspruchen darf.
In der Publikation der ‘ Mission Chantre ‘ (1898) hat de Saussure zwei phrygische Inschriften herausgegeben. Bei dieser Gelegenheit stellt er eine Untersuchung über das Suffix -ηνoc (dor. -āvoc) bei Völkernamen an und zeigt, daß dies aus einer kleinasiatischen Sprache entlehnt sein müsse. Hier heißt es : Absolument le seul ethnique ancien qui, ne se rapportant pas à l’Asie, finit pour les Grecs en -ηνόc, est Τυρϊηνόηc, dorien Tvpcãvóc. Du fait qu’on ait Tvpvóc en grec, le nom est une extraordinaire confirmation, pour ce qui concerne les Etrusques, de leur origine orientale. . . . Pour ce qui est de l’origine de -ηνóc lui тете, un nom comme Τυρηνοcí, clairement asiatique et cependant antérieur à l’influence perse, est la meilleure preuve que le nom n’avait rapport qu’à l’Asie mineure seule.
In den Jahren 1907-1911 hat de Saussure drei Vorlesungen über allgemeine Sprachwissenschaft gehalten. Wir dürfen hoffen, daß sie später veröffentlicht werden.
In den letzten Jahren war de Saussures Gesundheit erschüttert. Im Sommersemester 1912 mußte er seine Vorlesungen einstellen. Am 22. Februar 1913 ist er gestorben. Sein Werk wird leben.
Source : Wilhelm Streitberg, ‘Ferdinand de Saussure,’ Indogermanisches Jahrbuch 2.203-213 (1915). By permission of Walter De Gruyter & Co., Berlin.
1 Vgl. E. Muret Journal de Genève, 27. Februar 1913 ; F. de Crue, ebd., 3. März 1913 ; Ch. Bally Semaine littéraire Nr. 1000 und F. de Saussure et l’état actuel des études linguistiques. Leçon d’ouverture du cours de linguistique générale, lue le 23. Okt. 1913 (Genf, Edition Atar) ; E. Favre F. de S. Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie de Genève, Bd. 3, H.8 (1913) ; Α. Meillet F. d. S. Bulletin de la Sociktk de Linguistique Nr. 61 (1913) S. CLXVCLXXV. Aukrdem standen mir durch die Gute Frau de Saussures einige Blatter zur Verfugung, die Bemerkungen iiber Entstehung und Plan des Systtme primitif enthalten, und die de Saussure im Jahre 1903 fur mich niedergeschrieben hatte. Leider tragen sie einen sehr fragmentarischen Charakter.
2 Die von Meillet gegebenen Daten (Bulletin 1913 S. CLXVI) stimmen nicht.
3 Saussure bezeichnete mir ausdrücklich November-Dezember 1876 als die Zeit der Niederschrift dieses Aufsatzes.
4 Wie bisher, sehe ich auch im Folgenden von ab, dessen Rolle der des А entspricht, das aber von untergeordneter Bedeutung ist.
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