“A Prague School Reader in Linguistics”
Sur la structure du substantif russe*
Ce qui nous intéresse ici, c’est la morphologie propre du substantif, les éléments structuraux qui le distinguent des autres parties du discours. C’est pourquoi sont laissés de côté les mots du type de lésij, masterskája, nasekómoje dans lesquels les morphologies du substantif et de l’adjectif apparaissent non différenciées.1 Nous nous attacherons á dégager les éléments morphologiques vivants du substantif, ce qui revient à étudier la dérivation nominale telle qu’elle fonctionne actuellement. Mais nous ne pouvons offrir ici que des fragments d’une étude qui n’est pas encore achevée et qui doit former le chapitre sur le substantif d’une Grammaire structurale de la langue russe á laquelle nous travaillons en ce moment. Nul doute que nombre de conclusions formulées ici exigeront des révisions ultérieures.
L’une des particularités essentielles des substantifs est leur répartition en trois classes ou genres. Une autre particularité non moins essentielle, c’est la déclinaison.
Parmi les formes casuelles, le nominatif occupe une place à part: c’est un ? a s zéro,2 ce qui en fait une forme “représentative” de la déclinaison, du paradigme. Il suffit, à quelque exception près, de connaître la forme du nom. sing, et celle du nom. plur. du substantif donné pour en déterminer la déclinaison et l’accentuation. Nous partirons donc du nominatif et plus précisément du nom. sing., car celui du pluriel est déjà moins caractéristique, étant plus unifié au point de vue morphologique (désinences -i/-ï ou -a/-ï) et en même temps chargé de diverses représentations concrètes.3 Or, cette forme est tantet munie d’me désinence, tantôt réduite à z é r ? de désinence; ainsi il est naturel de distinguer, suivant la nature du nomin. sing., des déclinaisons “? désinence” et des déclinaisons “à zéro de désinence”.
Il y a actuellement en russe
a) deux déclinaisons ? désinence: 1° féminine - mas- ? u 1 i n e (pochvalá — gromfla) ,2° neutre (torZestvó );
b) deux déclinaisons à zéro d e désinence: Io masculine (topór/fonár?), 2 féminine (top’).
Dans le premier cas, il est peut-être plus juste de parler de l’opposition: déclinaison n ? n - n e u t r e ~ déclinaison n e u- tr e . Certains mots “? désinence” et désignant des êtres sont attribués soit au genre masculin, soit au genre féminin suivant le sens, tels sont p. ex. pjánica, chanZá, skr’âga, tel deviendra probablement le mot sudjá, etc. Dans certaines catégories d’appréciatifs, sont nettement opposées la déclinaison neutre (ex. s<5lnygko, mologfgko) et la déclinaison non-neutre (brati- gka, domfgka, reíúãka, dédugka, odeáónka, muáiCdnka, korovënka, Vår ‘ka, Tàn’ka).
Quelle est l’importance relative de chaque type de dkclinaison considkrk en rapport avec la distribution des substantifs en trois genres?
Les apprkciatifs mis ’a part, tous les m a s c u l i n s ’a d k - s i n e n c e sont des a n i m k s et plus prkciskment dksignent des personnes (y compris quelquefois des noms propres, ex. Michb- jlo, -Serk d). Plus de suffixes productifs. L’unique suffixe qu’on y distingue d’ailleurs et qui est La4 (lovEfla, vys’ibbla) n’est plus vivant. Sont par contre trks vivants les suffixes laudatifs e t pkjoratifs -g-k-Z> et -=> (voir plus loin) et l’on rencontre parfois le suffixe augmentatif -g> (kupEka, domino), - tous formant des masculins qui se dkclinent comme pochvalb - gromfla, tandis que les peu usitks augmentatifs du type zverfSEe, toporfgEe se dkclinent comme les neutres (dans la mesure naturellement oh l’on peut les surprendre aux cas obliques). - Le thkme flexionnel des masculins ’a dksinence est d u r .
Les masculins ’a zero de dk s i n e n c e reprksentent un type trhs vivant et aliment6 par de nombreux suffixes (v. plus loin). L’a aussi le thkme flexionnel d u r pr. Le type m o u ne comprend que les suffixes productifs suivants: a) -t’Yl’> (uEf- tell , podZigbtell), suffixe quelque peu l ivre sque; b) =- (-kz - tromiz, PetrdviE) pour les noms patronimiques et les noms propres désignant la provenance; c) <-a£> (sluchág, izbáC) assez peu productif dans la langue littéraire.
Les féminins à zéro de désinence ne sont fournis que par les deux procédés suivants: a) le suffixe <-âsf > (stárosf, ustálost?) produisant des mots abstraits, le plus souvent sans pluriel; b) la r é d u c t i ? n au thème (vys’, glub’, te£’, moi’, prórub’, pústos’, bla2’); la consonne thématique y est mouillée, excepté S et 2. °
Les féminins ? désinence disposent d’un grand nombre de suffixes et constituent un type très vivant. Le thème flexionnel dur prédomine, car le type mou n’est actuellement productif que dans le cas du suffixe <-l’n’å> (belil’n’a, spâl’n’a).
Les neutres ne connais sent que le type à désinence , dont la déclinaison diffère très peu de la déclinaison des masculins ? désinence. Les suffixes productifs sont: a) <-n’fja> (gul’ânije ou gul’ânje), b) <-stvå> (kupé ges tvo), c) <-jã> (Za- vólíje, podzemélje), et d) <-jo> (mu2i£jë, babjë) dépréciatif et collectif. La plupart de ces formations ignorent le pluriel. Ajoutons-y les appréciatifs en < -kå> et, plus rarement, en (vedërko, bl’udegko, máslice). Le pluriel des neutres en <-ka>ne diffère en rien de celui du type non-neutre ? désinence. Tout cela conduit à la conclusion que la déclinaison neutre est actuellement une déclinaison débile.
Ainsi, il n’y a que deux déclinaisons réellement vigoureuses puisque alimentées par la dérivation. Ce sont: Io les non- neutres à désinence avec le thème flexionnel dur et 2° les masculins ? zéro de désinence avec le thème e? gaiement dur.
La répartition actuelle des déclinaisons ne coïncide que partiellement avec la distinction des genres. Pour les pluralia tantum, la valeur de genre est quasi inexistante.5
Passons ? l’examen rapide de la dérivation nominale. Nous laissons de côté les mots composés (types: Dneprostrój, p’atilétka, gelovekodén’, Pl’aSi-nogà) et nous n’effleurons qu’en passant le rOle de la préfixation nominale (prórub’, Priurálje, razgúlje, progúlka, progúl, prfgorod).
La première distinction qui s’impose est celle entre les mots ordinaires, non-appréciatifs (reká, les) et les mots appréciatifs (régka, regúãka, regónka, régen’ka, lesók, lesógek), les seconds se greffant sur les premiers.
Les catégories sémantiques alimentées actuellement par la dérivation sont les suivantes (entre parenthèses, est indiqué le genre grammatical des mots de chaque catégorie).
A. Mots non-appréciatifs
I. Animé s
1° Personnes (M.F.) 2° Jeunes des animaux (M.) 3° Noms p a t r ? n i m i q u e s (M.F.)
II. Inanimés
a) abstraits: Io Acte (F.N. ) — 2° Etat (N.) — 3° Qualité (F.)
b) concrets: Io E n d r o i t (F.N.) — 2° Instrument (F.) — 3° Objets (M.F.)
B. Mots appréciatifs
I. Noms propres Io Laudatifs (M.F.) 2° Péjoratifs (M.F.) II. Noms communs
a) appréciation “quantitative”: Io Diminutifs (M. F. N. ) 2° augmentatif s (M.F.N.)
b) appréciation “qualitative “: Io Laudatifs (M.F.N.) — 2° Péjoratifs (M.F. N.)
La distinction des a n i m é s et des i n a n i m é s s’appuie sur la double forme de l’accusatif pluriel (au singulier, seuls les masculins la possèdent).
La valeur de g e n r e se trouve être motivée dans les cas suivants: Io elle l’est relativement chez les a p p r é c i a t i f s puisque ceux-là ne font que reproduire le genre des mots fondamentaux correspondants, ainsi starigfska, starikáska, stariíónka, starigdk sont masculins parce qu’est masculin le mot starika; 2° dans lesnoms propres et les noms de personnes, la distinction des genres est justifiée par la distinction des sexes; il est également naturel que les n ? m s propres géographiques (dans la catégorie de l’”endroif) du type Zakavkázje, Pri- kámje, Pom<3rje soient neutres, c’-à-d. ni masculins ni féminins. — La présence d’une variante féminine en face de chaque masculin est un trait caractéristique des noms de personnes relevant des types vivants.
Noms de personnes. — Sont nettement d é v e r b a t i f s les suffixes: <-t’ïl’ >(sobirátel’); < -13ík >(kuríl’s6ik) et les deux suffixes suivants peu productifs: <-l’ïc> (kormÛec), et <-un> (letun). Théoriquement parlant, chaque verbe peut fournir un nom d’agent en i(p. ex. rasskazyvatel’) mais c’est précisément pour cela que ces noms ont une valeur générale, presque formelle et une existence plutôt virtuelle. Ne sont réellement vivants que les mots qui se concrétisent en se spécialisant, p. ex. Spasitel’, gitátel’, pisátel’, etc. — Les suffixes qui suivent sont plutôt d é no m i n a ? i f s : <C-3ïk> et <-gïk> (après <d/t» (progúlggik, traktor g gjk, gazétgik); <-aftUk/-ofSik> (buntovggik, ustanóvggik, star jëvggik); <-n’lk> (gástnik, kul’tùrnik, obrátnik); <-en’ïc (vydvigénec, obnovlénec) peu productif, et le suffixe <-a2> (izbág, snochág, rva.g) qui est de caractère plutôt populaire. — On fera une place a part aux suffixes désignant les personnes par leur appartenance soit à un pays soit ? une collectivité quelconque: <-an’ïn> (juZánin, 1’uteránin, angligánin; l’accent sur l’élément <-in> est tout ? fait rare); <-ïc> (glissel’bùrâec, tolstóvec, gollán- dec, partfjec, bakinec); <-’ak> (sibir’ák, tul’àk), <-ig> (mos k vig, v’âtig); notons également les noms patronimiques: Petróvig, Il jig, Ilványg ou Iváng. — Parmi les suffixes empruntés, sont courants: <-ist> (otzovist, gekist), <-or, -er > (milicionér, panikè’r, diriger, ukrajnizátor); plus rare est le suffixe <-ant> (kur sánt, „sabotánt” ). — Pour la formation des féminins sont employés les suffixes <C-n’f cã, -ïcâ, -kã>, dans les patronimiques <-na>, dans les mots en <-r>, actuellement, d’origines surtout étrangères <-gã>. Ainsi: ugitel’- nica, kuril’ggica, gazétgjca, vydvi2énka, juáánka, tolstóvka, sidélka, sibir’agka, Petróvna, Iljinigna, gekistka, milinionérga, ukrajnizátorga; on rencontre quelquefois les formations rvagicha, vragicha; les mots en <-un>font leur féminin en <-un-jä> (letúnja).
Les jeunes des animaux ont ? leur disposition le suffixe (-’onåk), au pluriel (-’atå) (gusënok/gus’áta) qui rencontre parfois, au singulier seulement, un concurrent, ? savoir <-’onïg> (tigrënyg, à côté de tigrënok).
En passant aux inanimé s, faisons observer que la distinction de s abstraits et des concrets n’a pas d’autre base que le fait que les „abstraits”, aussi longtemps qu’ils restent tels, n’ont point de pluriel.
Acte. — Le suffixe <-n’ijâ>, se contractant en <-njä> (gul’ânije et gul’ânje) offre des analogies avec le suffixe <-tfil?>. Théoriquement parlant, de chaque verbe on peut tirer un substantif verbal en <-n’fja>. Mais, tant que celui-? n’est qu’une simple transposition d’un procès dans les cadres du substantif, il n’a pas d’existence réelle (ex. vyfgryvanije, vyr abáty vani j e, razrisóvyvanije). Pour entrer dans le vocabulaire, il doit se concrétiser (ex. gul’ânje, progúlka, progúl, razrisdvka, vyra- botka, vyigryg, etc.). C’est le suffixe <-kå> qui sert précisément à fournir des substantif concrets. Ceux-là désigneront un acte envisagé globalement en fonction de son résultant ou produit concret (rúbka, kóvka, kládka, polfvka, otstávka, obfvka). C’est pourquoi ils sont le plus souvent préfixaux.6 — Plus abstrait est le suffixe emprunté <-acfja> (sovetizácija).
Etat. — Il ne s’agit pas de l’idée de procès; les déverba- tifs (koldovstvó, motovstvó) sont d’ailleurs exceptionnels. Les dénominatifs en <-stvâ> (vz’âtognigestvo, ugftel’stvo, moná- gestvo, dvor’ânstvo, tolstóvstvo, poraSîéngestvo, brátstvo, prevoschódstvo, molodégestvo; udal’stvo, vdovstvò; l’accent sur la désinence ne constitue pas de catégorie vivante) désignent un état social, professionnel, idéologique, un état d’âme, etc. — C’est à cette catégorie que se rattacherait le suffixe emprunté < -îzm > (leninfzm).
Qualité. — Le suffixe ?-åst? > est très abstrait et propre surtout à la langue littéraire (nikgëmnosf , bezdárnost?, zabftostf, udárnostf ), il est dénominatif, et les mots en <C-asf_> sont surtout tirés des adjectifs. — Un autre procédé, plus concret celui-là, pour exprimer la qualité est la réduction au thème radical; la consonne thématique est mouillée (si ce n’est ni £ ni i)r point de désinence (glub*, Sir’, glug’, údal’, blaZ’, dal’, pádal’, rvan’). Il est difficile de dire si ces mots-là se forment sur des verbes ou sur des adjectifs; très probablement le thème radical ne se dégage que de la confrontation de différents membres d’une même famille (ex. glubókij, uglubff, glu- biná, glub’).
Endroit. — Il y a deux suffixes féminins pour désigner l’endroit օե telle action a lieu: Io <C-l’n’(belfl’n’a, gitâl’n’a, spal’n’a); les formations tirées des noms de personnes: pekàrn’a, psàrn’a ne sont plus productifs, comme ne le sont non plus les mots en <-ar’>, eux-mêmes; 2o <-lkã> (razdeválka, ugredílka, tancùl’ka), ces mots-là ont une valeur dépréciative ou tout au moins vulgaire. — Le suffixe neutre <C-jä>, le plus souvent combiné avec un préfixe, sert à former des dénominatifs désignant des régions (vzmérje, Semirégje, predgórje, pred- plégje, podzemélje); ces substantifs-là généralement n’ont pas de pluriel. — On peut également former des noms de localités, de trois genres, tirés des adjectifs (Sverdlóvsk, Starogladóv- skaja, Archangel’skoje, etc.).
Instrument. — Pour l’expression de cette idée le russe ne dispose actuellement que du suffixe féminin déverbatif <-lkã> (za2igálka, kaCálka, véSalka, séjalka). Seul le sens distingue ces noms de ceux en <C-lka> désignant l’endroit; ils n’ont cependant aucune valeur dépréciative.
Objets. — Les noms d’objets sont fournis par quelques suffixes masculins et féminins; le neutre n’est plus productif sur ce plan. — Il y a un certain parallélisme de forme entre les masculins et féminins qui a dû être jadis beaucoup plus systématique et dont les suffixes neutres faisaient également partie. Ces suffixes sont: <-n’ïk> (gájnik, rukomójnik, jél’nik) et <C-n’ïca> (gájnica, gostfnnica, máslenica); <-ok> (surtout avec le préfixe o- et alors déverbatif et atone: gudók, kusók, beldk, o kúr ok, zár abo tok) et <-kã> (nepreryvka, potre- bflovka, sel’ânka); ce dernier suffixe a le plus souvent les formes <-fkå, -låfkå ou -nka, -£kã> suivant qu’il sert à former des mots tirés des verbes ou des adjectifs; le simple <-kä> ne paraît pas productif. Si les suffixes <-ok> et <-kä>, surtout <C-gkä>, ne se confondent pas avec les suffixes correspondants diminutifs (v. plus loin), c’est que le substantif fondamental devant former le “degré positif” y fait défaut. — Le suffixe masculin <Ç-n’ak]> (dubn-ák, osobn’ak, sypn’àk) sert à former des noms tirés des adjectifs, et ne paraît pas être très productif. — Le suffixe féminin <-åf5fmå, -ofSfnå> (plechánov- ggina, obldmovggjna; ugolóyggjna, pono26yggina) peu productif, forme des noms qualitatifs, dépréciatifs, de caractère mi-ab- strait. Enfin deux suffixes féminins à forme identique et à rendement très limité doivent être mentionnés: Io <-ïna>, singu- latif et plutôt populaire (solómina, jágodina, Stanfna, gazétina) et 2° nå> (“viande de. . . “ baránina, sevr’ùZina). — Les suffixes aussi productifs que <-n’ïk>et <-n’ïcâ>sont, comme nous l’avons vu, les mêmes pour les personnes et les choses (on dira plaisamment sácharnica d’une fillette friande de sucre, mais c’est aussi le nom de la sucrière), de même Հ-օե]> (jezdék).
L’étude des formations appréciatives soulève grand nombre de problèmes que nous ne saurons point aborder ici. Mais ne perdons pas de vue qu’il s’agit là d’une catégorie dé - nominative , que les appréciatifs se forment sur des mots ordinaires concrets et ne sont sentis tels que dans la mesure où ils s’appuient sur ceux-là. L’appréciation “quantitative” (le terme n’est pas très exact) a pour base le mécanisme suivant comportant ? r o i s termes: les (terme “positif”) — lesòk (terme “diminutif”) — lesógek (terme “diminutif-laudatif”). Si le premier terme manque, les rapports d’appréciation entre les termes subsistants sont dérangés, il peut y avoir un déplacement. Ainsi dans kovã — kóvãik — kóvsigek ou пой — négik — nózigek, le second terme est devenu un mot ordinaire et désigne un genre spécial de godet ou de couteau (un canif), le premier terme, autant que nous le faisons entrer dans le schéma, est plutôt senti comme une espèce d’augmentatif’. Il s’ensuit que la valeur “laudative” du troisième terme faiblit et il se transforme en simple diminutif. Сотр. aussi (plat) — platòk — platógek; (mech) — mesók — me§<5gek; (bulavá) — bulávka — bulávoíka; zvezdá — ( ) — zvëzdogka; bl’udo — bl’ùdce — bl’udegko. — Quant aux véritables augmentatifs des types: kupgíha, domino, zajgfãge, bábfãõa, etc., ils sont plutôt exceptionnels, et nous ne nous en occuperons pas.
Les suffixes diminutifs (“ second degré”) masculins sont: <-ok/-äk> (golosók, lesók, domók, remesák, gernovigdk, stariCók, monágek, krájesek); <-ïk>, moins productif (dómik, fonarik), et <-CÍk> (kúpgik, pal’£ik, balagángik, sgelkúngik), le rendement de ce dernier suffixe est limité, car il n’est employé que pour les mots en < -e_c, -an > et ?. -un > (pálec, balagán, ggelkún). Le degré diminutif-laudatif n’est desservi que par le suffixe <-£ik> (golosógek, lesógek, razbójnjgek, nójSi- gek), à voyelle fuyante, ce qui le distingue du suffixe <-gik> non laudatif. Les mots de l’espèce de mâl’gik, starjgòk, c’-à-d. terminés en <-gik> ou <-gok>, ne peuvent pas s’ajouter le suffixe diminutif-laudatif <-gik> (les formations *pál’gigek, *stari- gógek ne sont possibles que dans la parole). — Les suffixes féminins correspondants sont <-kã> (jámka, knfgka, rúgka, kupálenka) et <-a£kä> (jámogka, knizegka). Et de nouveau, les mots en <-gkã> (rúgka) s’opposent à l’adjonction du suffixe diminutif-laudatif <-6kä> (*rúgegka ne saurait être qu’un fait de la parole); d’autre part, les mots en <-fnkâ> (kupálenka) se confondent aisément avec les laudatifs „qualitatifs”, où les mots en <-gka!> ont également leurs représentants (gol<5von’ka, ruSen’ka). Notons aussi ce fait que les féminins ? zéro de désinence restent presque tous en dehors du schéma à trois termes: les rapports entre set? — sétka — sétogka, nit? — nftka — nftogka sont à peu près les mêmes que ceux de no 2 — nó2ik — nóáigek; dans d’autres cas, ils relèvent des types improductifs, ex. gast? — gastfca — gastigka, pyl’ — pyl’ca, où les mots gastfca et pyl’ca ont d’ailleurs un sens spécial. — Les suffixes neutre s sont peu productifs, se confondant entre eux et avec les suffixes “qualitatifs” (vedrò — vedërko — vedërogko; molo- kó — mologkó; mèsto — mestégko, serdégko; jajcó — jaígko; Неб — lfgiko, plégiko; úcho — úãko). Le suffixe neutre <-ïcâ> semble être productif et s’appliquer aux noms en <-jã> (iméjice, plátjice, razvlegénjice). Tous les autres suffixes diminutifs avec <-c- > sont improductifs (narddec, brátec: vodíca, ses- tríca, dvérca; ruãjecó, pis’mecó, vincó, korytce, ryl’ce, etc.)
Il est bien possible que les appréciatifs “qualitatifs” trouvent leur point d’appui le plus solide dans les formes correspondantes des noms propres de personnes. C’est dans les rapports de personne à personne et non dans ceux de personne ? chose que les sentiments les plus variés — tendresse, mépris, amour, respect ainsi que leurs combinaisons les plus inattendues — peuvent être déclanchés et avoir besoin d’être exprimés. Voici quelques spécimens de ces noms affectifs: Van’a, Vánegka, Van’ùâa, Van’uska, Van’ùgka, Van’ka, Iváãka; An’a, An’igka, An’úta, Ánnugka, An’ùtka, An’ka, etc. Il faut y ajouter également les noms de parenté: dédugka, babuâka, babin’ka, mátuãka, mama, mámogka, mâmen’ka, mâmon’ka (populaire), bratfgka, sestrënka, sestrfgka, etc.
Ici, il ne s’agit plus de schéma à trois termes. L’échelle de l’appréciation ne connaît que deux pôles: l’un marqué du signe +, l’autre du signe —. Mais si le premier correspond aux sentiments de sympathie, d’amour, de tendresse, de respect, et le second ? ceux d’antipathie, de mésestime, de mépris, etc., la complexité d’une situation concrète crée souvent des combinaisons de valeurs affectives les plus inattendues et les plus hétérogènes. L’amour et le respect pouvant ne pas marcher de pair, il sera impossible de fixer une fois pour toutes les formes correspondant à tel”p01e” ? l’exclusion de l’autre.
L’intervention de l’intonation affective peut modifier entièrement la valeur originelle des formes. Les formes se terminent toujours par <-a (-a, -kå, -gå, -n’ka, -Ckä, -gkå)>. Sont naturellement “laudatives” les formes en <-2kä> ainsi que celles en <-gä> et <-n’ka>, tandis que les formes en <-gka> ne le sont qu’à condition d’avoir l’accent sur le thème radical, faute de quoi elles exprimeront une déconsidération, une forte familiarité; en même temps les formes en <-kä> seront nettement “péjoratives”.
Les formes “qualitatives” des noms communs se règlent sur celles des noms propres de personnes. Ici, d’une manière générale, les suffixes de valeur opposée se distinguent beaucoup plus par leur accentuation que par leur constitution pho- nématique proprement dite. Il y aura en outre des cas intermédiaires: ainsi le suffixe “laudatif” <-ugka> accentué et le suffixe “péjoratif” <-’ïgka> atone, ayant par le déplacement de l’accent atténué leurs valeurs primitives respectives, se rencontreront dans l’expression d’une familiarité certainement irrévérencieuse mais aucunement hostile (regúgka, rabótigka). — Ce qui peut également contribuer à la modification de la valeur du suffixe, ce sont les valeurs sémantiques, p. ex. le fait que le mot en question désigne un “animé” et non un objet, et qu’il s’agit p. ex. d’une personne d’un certain rang social (ainsi oficérigka est plus “péjoratif” que vodovózigka; vorfgka est plus méprisable que vor, mais dans bratfSka la réduction des “dimensions” ne contribue qu’à exprimer un plus grand degré d’affectivité), etc. Il est donc naturel, que les formations affectives nous conduisent à tout instant dans le domaine de la parole. Essayons pourtant d’en fixer les caractères généraux. Mais n’oublions pas que le nombre des mots ayant des formes affectives n’est pas grand et est de plus borné aux choses et êtres familiers.
On peut distinguer deux séries de suffixes affectifs, l’une renfermant l’élement <-nk->, l’autre l’élément <-gk- >, la première ne paraît pas très productive. — Est nettement laudatif, mais populaire plutôt que litéraire, le suffixe féminin <-ân’ka> (berëzon’ka, bâbon’ka<Cbába>, ruëen’ka, ré6en’ka), le suffixe féminin péjoratif est <]-’onk>ä (izbè’nka, babën- ka, геббпка, odeäénka); ajoutons-y les quelques masculines isolés tels que mu2i66nka, zajббпка; mais sont des termes de caresse les mots ruCónka, golovënka, rubaSónka, etc. Tout porte à penser que la productivité de ce suffixe est nulle. — Est laudatif le suffixe féminin <C-й5ка> (zaznóbuãka, go- lóvuãka), ici on trouvera aussi quelques masculins animés (so- lévuSka, detinuäka) et un seul inanimé mais personnifié — chlé- buSko (rianoj chlebugko kalaCu deduãka). Les suffixes péjoratifs <-’o§kå> pour les féminins (golovëSka, rybëgka) et un seul neutre govëgko; ?-’i§kã> pour les masculins et les neutres (vor f Ska, domfgko, ruZjfgko, mologfgko), il y a quelques rares féminins (kartfSki, den’âfgki); notons des mots isolés tels que starikaSka et peut-être bukáãka; mais sont nettement des mots de caresse zajgfSka, serdCfãko. Sont, ? notre avis, improductifs les formations sólnygko, krylygko, voróbuãek, ká- rneSek. — Les suffixes à l’accent déplacé: <-u§ka> pour les féminins animés (derevúSka, reíúska, komnatúgka), les féminins laudatif s étant nettement mots de caresse (dev- CúSka, prostú§ka, boltúâka); <-’i§kä> pour les trois genres (rabétiSka, zabórigko, iménjiSko, naródiSko).
Les suffixes péjoratifs collectifs: <-jo> qui est neutre (kulaCjë, babjë) et <-n’a>, féminin, peu productif (matrosn’à, soldatn’à).
Tous les affectifs sont àdésinence; il y a deux types de déclinaisons: la n ? n - n e ? ? r e , embrassant les féminins et les masculins, et la neutre.
L’examen de la dérivation nous montre que les consonnes thématiques de la flexion sont actuellement: <-k->, de beaucoup la plus importante de toutes, <-n-, -j-, -c- et -l->; la prédominence de la consonne -k- fait que la distance entre le type dur et le type mou diminue, puisqu’elle disparaît dans certains cas.
Cette même étude nous permet de tirer quelques conclusions sur l’accentuation. L’accent des nouvelles formations est fixe et frappe soit le thème radical, soit le premier élément du suffixe; l’accent n’est sur la finale que dans les mots en <ok> ainsi que dans certains mots en < -ec > (bojéc, molodéc), ces derniers ne constituant point de catégorie productive. Dans quelques mots isolés en <-in>, l’accent reste sur cet élément dans tous les cas du singulier et passe sur l’élément <-an- > dans tous les cas du pluriel (christianih, Christiane). L’accent d’oppo sition (type parus/parus à) tout en gagnant du terrain, ne caractérise point les formations nouvelles.
La place nous manque pour parler des alternances de la consonne thématique radicale dans la dérivation. Elles ont lieu presque exclusivement devant les suffixes appréciatifs ainsi que devant <-onâk, -an’ïn, -ja> (volk >volgënok, Vólga > volZánin, reka >zarégje); le caractère de ces alternances est le suivant; k~g, յլ~2, x~ã et dans certains cas, ? ~ g pálec > pal’gik.
Genève, Mai 1932.
Notes
1. N. N. Dur novo, La catégorie du genre en russe moderne (Revue des études slaves, t. IV, 1924).
2. V. notre Système du verbe russe, p. 19, n. 2°.
3. Ibid., p. 35.
4. < > = transcription phonologique.
5. Сотр. A. A. Šachmatov, Ogerk sovr. russk. 1iteraurnogo jazyka, p. 88.
6. Une catégorie importante représentant les substantifs masculins à désinence zéro, le plus souvent préfixaux, et correspondant au thème verbal (lët, polè’t, nalët. . . razrýv, sryv, prorýv. . . ; uklön, rasstrél, etc.). Cette catégorie ne paraît plus productive quant au procédé de la réduction au thème sans désinence ni suffixe (comp. par contre les féminins d’un type analogue, mais généralement sans préfixation: top’, vys’, dal’, prórub’, prístan’, etc.). Cependant, le procédé de la préfixa - tion offre toujours certaines possibilités bien que limitées ? créer des mots nouveaux en utilisant les réserves de préfixes existant dans la langue, ex. *uryv, *vryv, *zarvv, *doryv, etc. — D’une manière générale, les substantifs déverbatifs abstraits sont tirés des imperfectifs (vyrabátyvanije, zarabátyvani je), tandis que les concrets se forment de préférence sur les perfectifs (výrabotka, zárabotok).
*From Charisteria Guilelmo Mathesio quinquagenario. . . lata (Prague, 1932), pp. 65-73.
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