“A Prague School Reader in Linguistics”
Influence de la Fonction de la Langue Littéraire sur la Structure Phonologique et Grammaticale du Tchèque Littéraire*
La langue tchèque possède une tongue tradition lit- téraire, la plus longue — si l’on excepte le slave d’église et son évolution sur le sol russe — parmi les langues slaves1 ; il y a, datant du début même du XIVme siècle, une abondante littérature, écrite en une langue qui présuppose un assez long emploi littéraire2 , attesté effectivement par quelques fragments de la fin du XIIIme siècle ainsi que par des chants et hymnes religieux partiellement encore plus anciens. D’autre part, le tchèque littéraire n’étant jamais devenu exterritorial comme !e slave d’église, et l’évolution de la culture tchèque ayant été, d’une façon centraliste è. l’excès, liée au développement de la ville de Prague, capitale du pays, le tchèque littéraire constitue un excellent objet d’étude pour voir la manière dont se différencient la ! angue littéraire et !a langue populaire; ajoutons qu’on peut ici, mieux que nulle part ailleurs, chez les Slaves, confronter ces deux langues, qui n’ont jamais cessé d’être en contact étroit.
On ne peut nier, en ce qui concerne le tchèque, que ce soient les conditions politiques et é c o n o m i c o - s o c i al e s 3 qui aient fait du dialecte du centre de la Bohême !a base de la langue littéraire; et ce justement pendant la dernière période, la plus glorieuse, de la dynastie des Premyslides. Il serait plus exact de dire que la langue littéraire est sortie de la langue du centre citadin de leur règne et de l’Église4; il est permis d’admettre que le langage parlé dans la ville de Prague était dès alors plus différencié et compliqué que ce n’était le cas pour ses environs.
On ne saurait toutefois aucunement prétendre que la langue littéraire se différencie de la langue courante de Prague uniquement par le caractère arch aï sant de la première; on ne peut identifier le tchèque littéraire, sans plus, avec un stade antérieur déterminé du dialecte local, pas même pour ce qui est du système phonologique et grammatical, et encore moins pour le vocabulaire, qui est créateur sans arrêt et qui, en comparaison avec celui de la langue populaire, conservateur dans l’ensemble, apparaît nettement novateur. La marque différentielle principale d’une langue Httéraire ne consiste pas dans un caractère conservateur.
C’est surtout le v o c a b u l a i r e d’une langue littkraire dont les diffkrences saillantes d’avec celui de la langue populaire ne sauraient Stre expliqukes par le caractkre conservateur de la premikre. Les d i f f k r e n c e s de l e x i q u e que l’onpeut constater dans le tchkque littkraire et d’ailleurs aussi dans toute langue littkraire kvoluke, sont surtout les suivantes: une langue littkraire posskde des termes pour des notions ignorkes d’une langue populaire, en particulier pour les idkes gknkrales et abstraites, elle posskde des mots diffkrenciks avec plus de prkcision et de spkcialisation et des mots au sens unique plus souvent [ils ont une tendance aux mots-concepts5 1, mais par contre elle se voit limitke en matiere d’expressions fortement affectives par la censure qu’exercent l’intelligence et les convenances sociales.
Les r a i s o n s de c e s d i f f k r e n c e s sont claires: e l l e s r e s i d e n t d a n s l a f o n c t i o n s p k c i a l e d ’ u n e l a n g u e 1 i t t 6 r a i r e. Etant l’objet d’exigences accrues par rapport B celles d’une langue populaire, chargke d’exprimer la civilisation ainsi que la vie intellectuelle, les rksultats de la penske philosophique et religieuse, scientifique, politique et sociale, juridique et administrative6 , et ce non seulement pour des fins pratiques, mais en vue d’un enseignement technique et de la codification, la langue littkraire a vu son lexique s’ktendre considkrablement et s’intellectualiser. Le choix plus minutieux et plus s kvkre des mots, qui est cause de la diffkrenciation de ces deniers, kst dktermink par le mode d’expression linguistique: il s’agit en majeure partie de manifestations kcrites ou au moins du langage monologuk et continu, destine au public le plus ktendu: dans ce dernier cas, l’expression linguistique doit Ctre relativement complète, se trouvant moins complétée par la connaissance de la situation et par des procédés de communication autres que linguistiques, mais on a la possibilité de mieux réfléchir aux éléments linguistiques et de les choisir; ces caractères sont encore renforcés dans les manifestations écrites, si bien que c’est dans celles-ci mêmes que se trouve accrue l’importance des éléments linguistiques, pour lesquels et l’auteur et le lecteur disposent de plus de temps et de calme.7 Tout cela aboutit ՝ձ une finalité plus consciente dans une langue littéraire. Le fait qu’une langue littéraire tend ‘å devenir une marque d’un groupe social déterminé établit une censure des expressions affectives de quelque force.
Les différences fonctionnelles dans le lexique d’une langue littéraire ne font pas qu’étendre le vocabulaire de celle-ci, elles agissent aus si sur la structure du lexique, ainsi qu’on l’a déjà, indiqué; souvent aussi, elles créent c e r t a i n e s catégories de mots (de dénomination) ou en favorisent l’extension et en détournent le sens: par ex. la substantivisation des actions verbales, qui a trouvé son type, au point de vue formel, dans les substantifs verbaux tchèques en -ni ou -tí (slysení, zádáni, ziti), qui se rencontrent infiniment plus nombreux que dans la langue populaire chez STÍTNY, chez BLAHOSLAV, dans la BIBLE KRALICKÁ, chez KOMENSKY8 , etc.; ou bien chez le poète moderne OTAKAR BREZINA9, ce sont surtout les substantifs verbaux pas tout à fait substantivés que l’on n’emploie que dans la langue littéraire10; par ex. encore les adjectifs du sens des adjectifs latins en -bilis (visibilis, invisi- bilis), qui, constituant un besoin particulier de la langue littéraire, ont été recréés par le tchèque littéraire dès ses premiers débuts, avec un certain effort, à l’aide d’éléments divers, avant qu’il n’en fût arrivé à un type formel spécial, mais limité à la langue littéraire (adj. en -telny, viditelny11 ).
Il est absolument évident que le lexique d’une langue littéraire dépend de la fonction de celle-ci; la question de savoir comment cette fonction agit sur sa structure phonologique et grammaticale présente plus de complexité et moins d’évidence. Je me propose de montrer l’existence, là. aussi, d’un rapport de dépendance, à l’aide de quelques particularités du tchèque littéraire.12
I.
Le système phonologique du tchèque littéraire ni ne concorde avec le système actuel du tchèque courant et populaire, ni n’est simplement l’image d’un stade antérieur de la langue populaire de Prague ou du centre de la Bohême; la langue littéraire a échappé à certains changements qui ont atteint le parler courant ?. partir de la fin du XIVme siècle tandis qu’elle a subi d’autres changements parfois plus récents.
La langue littéraire ne connaît pas la diphtongaison de i long ouvert13 long originaire [=russe ?] et i_long après c, z, s) en ej_ (langue pop.: pejcha, dobrej, cejn, zejskat, sejto; langue littér.: pycha, dobry, cín, ziskat, sito), changement qui était clairement en cours aux environs de 1400 et avait même commencé plus tôt; la langue littéraire ne change pas non plus e_ long en_i long (langue pop.: dobryho, mifl, dyl, lip; langue littér.: dobrého, méne, dé!e, lépe), changement qui remonte, dans la langue populaire, au moins au xyème siècle.
Par contre, ont pénétré dans la langue littéraire, non seulement la fusion de y et de i après c, z, s, accomplie antérieurement ?k la diphtongaison de i long ouvert en ej_, mais aussi les autres étapes de la fusion graduelle des deux voyelles i primitives : _i ouvert après s, z, r, j, c, né postérieurement ?. la diphtongaison, 15 et la fusion encore ultérieure presque complète, en tchèque du centre, des deux i, ouvert et fermé. Y a également pénétré le changement de_l dure en լ moyenne, commencé dès les environs de 1400, ainsi que le changement de la fausse diphtongue aj en £?, changement commencé au XVme siècle. 16
On voit que n’a pas pénétré dans la langue littéraire tchèque la divergence qui a détruit la corrélation de phonèmes différents uniquement par la quantité (?/£ ; e/é) ; mais qu’y ont pénétré la convergence de phonèmes17 qui a simplifié le système phonologique en faisant fusionnerai moyenne et Induré en une unique (moyenne) ainsi que les différentes voyelles i, et enfin l’évolution qui a changé la nature phonique d’un phonème tout entier (aj devenu «լլ). 18
Lorsqu’on recherche les causes de cette différence, on s’aperçoit que la langue littéraire tchèque a été atteinte par !es changements qui n’entraînent pas de conséquences dans l’écriture de même que l’on écrit encore actuellement en tchèque le phonème unique i avec deux lettres, de même on écrivit 1 unique longtemps aux XVI et XVIImes siècles avec une double 1 (1 et _1); il en est encore ainsi dans la Grammaire de Pelei (Grund- sätze der böhmischen Grammatik 1795, p. 3). N’ont pas pénétré au contraire dans la langue littéraire tchèque les change - ments qui auraient entraîné des modifieations de l’écriture.
Même sans se rallier Ճ l’opinion extrême de BOGOL’UBOV, qui veut, pour la langue littéraire, substituer Ճ la caractérisa- tion de l’aspect phonique une car actérisation de l’aspect « visuel », qui rejette la phonétique et la remplace par la graphie (et la rythmique), 19 on ne saurait nier l’importance de l’aspect visuel à côté de l’aspect acoustique dans une langue littéraire. Par exemple, du fait que le tchèque littéraire n’a pas admis le changement de y_ en mais a admis la fusion de — i, il y a eu augmentation du nombre des synonymes, alors que ce nombre a diminué dans la langue populaire (littér.: biti — byti, pop.: bit — bejt; litt.: bíly — bili — b£lí, pop.: bîlej — bili — bejlí)7 si cette destruction reste sans provoquer dans la langue une reconstruction, 20 cela tient apparemment к l’image visuelle dif- férenciatrice.
Je ne veux pas simplement dire que ce soit uniquement l’influence de l’orthographe qui a maintenu (ou restitué) dans la langue littéraire et é, ainsi que le prétend FRINTA21 en signalant l’influence de l’écriture sur la langue tchèque; s’il n’y avait en jeu qu’une simple influence de l’orthographe, on ne s’expliquerait pas pourquoi l’on ne distingue pas non plus dans la prononciation y_et_i d’après l’écriture, ni pourquoi a échoué la tentative faite par Pelei au début de la renaissance pour maintenir la différence entre 1 et 1. Je souligne la distinction des deux types de changements (divergence et convergence) par rapport ?k l’écriture; elle s’est produité dans l’ancienne langue littéraire bien avant l’époque de la renaissance nationale tchèque (fin du XVIIIe et début du XIXe siècles). L’époque de la renaissance tchèque n’a fait en cette matière que reprendre la tradition assez ancienne de la langue littéraire; elle a pu facilement restituer la prononciation (exactement) au lieu de ej et celle de é au lieu de î_ (£), parce qu’il s’agissait de sons existant dans le répertoire de la langue de la plupart des dialectes; elle aurait pu malaisément restituer aussi l’ancienne différence entre \/?f_, qu’elle institua dans l’orthographe, non plus que l’dure, qu’elle essaya au début de conserver dans l’écriture, parce que dans ces cas il s’agissait de sons inconnus de la majeure partie des dialectes et surtout du parler courant au centre.22
Or, le caractère du système phonologique d’une langue littéraire est justement parfois dirigé p a r la tendance à l’expansion, c. -à-d. par le fait que ce qui se répand, ce sont les éléments phonétiques et phonologiques les plus aisément acceptables pour tous ceux qui ont à parler la langue littéraire; c’est ainsi que LEHR-SPL AWUÍSKI a expliqué très à propos la disparition des voyelles å, ê_, ó (« pochylone », par ex. pån, kobièta, gròd) dans le polonais littéraire par l’influence du polonais adapté, dans les parties orientales de la Pologne, à la prononciation des non-polonais; 23 la même raison aidera sans doute, dans le serbo-croate littéraire, l’ékavisme “à. triompher de l’jékavisme.24 — C’est par une expansion analogue que l’on peut, parmi les traits mentionnés du tchèque littéraire, expliquer aussi la perte ancienne de 1 dure et la disparition de la différence entre les voyelles i et jj mais toutefois dans le langage parlé de Prague, d’où ces pertes ont pénétré dans la langue littéraire; la prononciation pragoise négligeant լ dure et jr, condamnée par JEAN HUSS,25 doit être du tchèque adapté aux colons non-tchèques.26
II.
De même, ilya dans la structure grammaticale du tchèque littéraire des différences d’avec la langue populaire que l’on peut expliquer comme des conséquences de l’intellectualisation du langage et de la tendance visant à donner à l’expression linguistique un caractère objectif et complet ainsi qu’à, la composer en ensembles ordonnés.
1. Une différence caractéristique existe dans la déclinaison entre la langue littéraire et la langue populaire et consiste en ce que la première n’a pas remédié à une notable destruction de la déclinaison causée par l’homonymie des formes résultant de changements phonétiques et autres, alors que dans la seconde les formes à plusieurs sens (par ex. do my = nom., acc. et instr. plur.; zdi = gén., dat. et loc. sing.; stavení = nom., acc., gén., dat., loc. sing. et nom., gén., acc. plur.,27 qui se sont produites, — sans constituer toutefois en tchèque une perte de la déclinaison synthétique, — ont été, au moins en partie, redifférenciées b l’aide de nouvelles désinences, oh la tendance à la cohésion d’après le cas et le genre a pris entièrement le dessus sur l’ancienne cohésion d’après le type thématique (par ex. instr. plur. domama, gén. sing, pece, gén. sing, zelího, dat. sing. zelímu d’une part et d’autre part nom. plur. stavena, gén. plur. staven, etc.).
Le maintien, dans la langue littéraire, des anciens types sans perte du caractère synthétique de la déclinaison, est rendu possible par la complexité des phrases des manifestations linguistiques, ob la valeur syntaxique des formes ‘å plusieurs sens demeure claire, et ce d’autant plus que dans les modes habituels de manifestation linguistique de la langue littéraire (textes écrits ou monologues), il y a beaucoup plus de possibilités d’analyse de la manifestation que dans le dialogue destiné b être compris instantanément.
Qu’il est insuffisant de rendre compte de ce maintien de la déclinaison par la langue écrite b l’aide uniquement de la tendance archaïsante de la langue littéraire, c’est ce que montre la déclinaison des masculins du type Jiri , krejcí , ob la langue littéraire n’a pas conservé la forme homonyme Jiri et a elle- même admis de bonne heure les innovations comme Jiriho, Jiri mu, Jirim;28 il y avait un besoin plus pressant de différencier un datif sans préposition fréquent (dativus personae) et, au sing., l’accusatif du nominatif, que ce n’était le cas par ex. pour le type des neutres (staveni), ob les difficultés inhérentes aux formes homonymes sont moindres: le datif est le plus souvent un cas avec préposition, le nominatif identique b l’accusatif répond, d’une manière générale, au type de déclinaison des neutres (cf. aussi b ce propos les formes svatého Jiri, svatému Jiri, o svatém Jiri, dans lesquelles la forme Jiri demeure claire).
2. La tendance aux ph r a s e s - j u g e m e nt s, — parallèle b la tendance aux mots-concepts, — entraîne dans les langues littéraires, et principalement dans les langues écrites, la prédominance de la phrase b deux parties normalisée et clairement divisée au point de vue formel en sujet et prédicat. 29
La division du contenu de la phrase en base en somme connue (thème) et e n nouvelle énonciation ajoutée au thème (en ce qu’on appeile sujet et prédicat logiques) ne recouvre pas nécessairement en tchèque, et en général dans les langues slaves, la division grammaticale de la phrase en sujet et en prédicat, parce que la première division s’opère “à l’aide de moyens différents (ordre des mots non mécanisé); aussi le tchèque, et en général les langues slaves, n’ont-ils pas besoin pour l’exprimer du passif, 30 dont usent d’autres langues pour exprimer ladite division par la division grammaticale elle- même de la phrase, c.-à-d. pour mettre les deux en accord (par ex. l’ang!ais, le français). 31
Or, on constate que dans le tchèque littéraire (et de même dans les autres langues slaves), le passif est p!us fréquent que dans le langage populaire, et que c’est seulement au cours de l’évolution historique de la langue littéraire, et ce assez tardivement (en tchèque aux XV — XVIfemes siècles), qu’il se crée un système morphologique de passif du type je chvâlen (laudatur), limité jusqu’ici ‘å la langue littéraire. Cette formation verbale est sortie du type plus ancien, et resté populaire, «je zavrenej», dans lequel le participe, exactement l’adjectif verbal, joue le rôle de prédicat nominal (jest súzen signifiait chez HUSS et même encore plus tard, «je odsouzeny»); en slave d’église s’est développé de la même façon un système verbal passif du type chvalimb jestb32.
La raison en peut être cherchée justement dans la tendance intellectualisante qui se traduit par des efforts pour mettre la division en thème et en énonciation (égalant, dans le jugement, sujet-prédicat) en accord formel avec la forme grammaticale de la phrase, avec sa division en sujet et prédicat, ce pour quoi il fallait le verbe passif effectivement (même l’agent étant exprimé); cette tendance a certainement été influencée ?. son tour par le latin littéraire, dont le passif fréquent joue précisément ce rôle.
Dans le fait qu’ensuite la langue littéraire ne c’est pas contentée du verbe réfléchi dans ce rôle de passif, qu’il avait assumé dans les phases plus anciennes, 33 on peut voir une tendance ‘å spécialiser et doter d’un sens unique les moyens d’expression linguistique.
3. La structure des phrases est plus fermée et plus complexe dans une langue littéraire que dans une langue courante et populaire.
a. Le type de groupements comme Praha, v té jsem uz dlouho nebyl; — penize, tëch jâ mám dost, avec une fraction de phrase dite indépendante, qui est au fond une phrase nominale autonome, type assez primitif et ancien, mais toujours vivant dans le langage populaire, 34 est rare dans la langue littéraire tchèque. A ce type appartiennent, comme l’indique TRÁVNÍCEK dans Slavia(VII, p. 817 sqq.), les tournures Ճ participe absolu, par ex. en vieux-tchèque Bystrinu . . . opatriv է anulo mu na mysli (Pass. 330) ou bien encore aujourd’hui dans les dialectes to ti prende buda na vëtre (han.). Dans l’ancienne langue littéraire tchèque, ce genre de participes s’employait souvent aux siècles et suivants, cf. par35 ex. chez KOMENSKÍ dans le Labyrint tyto veci siyse jâ, kazdy soudit mtiz, jak mi к mysli bylo (cap. XXX, 3), mais la nouvelle norme de la langue littéraire les a complètement rejetés, en particulier DOBROVSKf 36 , et les a balayés de la langue littéraire: on n’emploie que des participes apposés au sujet de la proposition qui est le même que le sujet du participe, par ex. nasnidavse se, vydaly se déti na с e stu (Némcová, Babicka [1855], 243)7”
De même aussi ont été balayés de la langue littéraire les participes sans accord, nés dans la vieille langue, par ex. véci dokonavse mluvil jest buoh (Comesi. 25b) — kdyz syna vidéla v chrámu sediece (Hrad. 71a); ils avaient été rejetés par la théorie grammaticale dès l’époque de l’humanisme, apparemment sous l’influence du latin, ainsi déjà, par SIMON HA- JEK en 1547, par BLAHOSLAV dans sa «Gramatica ceská (Grammaire du tchèque) en 1571, pp. 257,sqq. 37
C’est une chose très caractéristique de la langue littéraire que la façon dont précisément l’évolution de l’emploi des participes dans le tchèque littéraire, comme formes lui étant exclusivement réservées, a succombé complètement Ճ l’effort voulu de création d’un groupement ordonné, qui a été bâti théoriquement: les participes absolus et les participes sans accord ont été rejetés, puis les participes ont été entièrement subordonnés ‘å la classification temporelle objective. Les participes présents des verbes parfaits ne sont admis que pour l’action antérieure se rapportant elle-même au futur (vezma !oze své, jdi do domu svého), et on en rejette l’emploi pour l’action dans le passé qu’on pouvait rencontrer dans l’ancienne langue — et qui subsiste partiellement encore dans la langue littéraire —, par ex. dans la BIBLE KRALICKÀ Math. 12, 49: vztâhna ruku svou . . . rekl; 38 cette limitation n’a été codifiée qu’à, l’époque moderne, en particulier par Gebauer. 39
b) D’une manière générale, le maintien des participes-attributs dans la langue tchèque, — ou plus exactement leur reconstitution, puisque leur emploi dans la langue littéraire moderne ne concorde pas avec le vieux tchèque,40 et que leur forme n’a pas la continuité historique complète, 41 — indique un trait typique des langues littéraires écrites: le goût des groupements nominaux composés de substantifs et attributs. Pareils groupements non seulement aident к constituer un ensemble propositionnel fermé, assez complexe et d’un vaste contenu, exprimant “à. côté du fait principal, les circonstances concomitantes et secondaires, mais ils marquent aussi l’expression abstraite des actions concrètes transposées dans les catégories de substance et d’attribut et ainsi privées de la fonction narrative du verbe.42
Naturellement, il faut traiter le rôle des participes en tchèque moderne au point de vue de la langue contemporaine, sur la base du système grammatical contemporain et non d’après leur rapport avec les anciens participes protoslaves. De même l’expression des actions verbales devient abstraite — sur la base d’un système grammatical donné — si elle se différencie de l’expression normale des actions concrètes.
C’est au fond la même tendance qui a abouti к l’emploi fréquent des substantifs verbaux du type vidéni, cf. ci - dessus p. 109, 43 et cette tendance apparaît encore saillante dans l’emploi fréquent de s participes adjectivisés en -ci (znéjící)44 et des participes adjectivisés, récemment introduits dans la langue littéraire, du type byvãí sur le modèle du russe.45
Ces groupements nominaux sont représentés plus abondamment qu’en tchèque en slave d’ég!ise et en russe littéraire, sous l’influence claire du grec Httéraire.
c) La tendance Ճ combiner des propositions complexes est un trait caractéristique bien connu des langues littéraires, et principalement des langues écrites:46 celles-ci, Ճ la différence de la langue courante et populaire, qui se contente d’ordinaire de phrases construites simplement, et se suivant librement et lâchement, préfèrent les groupes de propositions fermés et complexes, dont le lien reçoit une expression formelle dans des conjonctions les plus différenciées possibles, et dans l’élaboration d’une hiérarchie des liaisons de subordination.
Cf. par ex. langue popul.: jak to slyãeli, na vojnu, otec-se zacal klepat’, matka tot’-se vi ta plakala teprva, a tag ze mu to pustí, dy2 nechtël jinou piskat’ (Kubín, Lid. pov. v Podkrk. záp. 431);
popul.: neboj se, já té nepustím; — litter.: neboj se, nebo s tebou já jsem a pozehnám tobë (BIBLE KRALICKA, Gen. 26, 24);
popul.: ui abys Sel, sic zmeskás, vlak neceká — littér.: HAVLÍCEK: Byl by jií õas, aby nám to nase vlastenSení ráêilo koneënë z úst vjeti do rukou a téla, abychom totiá vice z lásky pro svûj národ jednali, ne2 o té lásce mluvili: nebot’ pro samé povzbuzovánf a vlastenCenf zapomfnáme na vzdêlávánf národu (Critique du « Poslednf Cech » du Tyl dans la revue « Ceská váela » en 1845).
Ces groupes complexes de propositions permettent de se rendre bien compte comment la langue littéraire distingue les moyens d’expressions en tendant à les spécialiser davantage que ne le fait la langue populaire: par ex. pour les phrases subordonnées causales, si importantes pour la pensée logique et, partant, très travaillées précisément dans les langues littéraires évoluées, le tchèque littéraire peut employer les conjonctions plus précises ponëvad2, protoge là oïi la langue courante et populaire se contente de la conjonction à sens multiples 2e, kdy2 (pronon. dyã/?).
Cf. par ex. langue popul.: ie byla jedinká (la fille) tak ji d’àl pomyálení? (Kubín, Lid. pov. z Podkrk. záp., p. 5). — Aie tu nodz byl náramnej mráz, a ten otec venku do råna zmrz, dys (au sens causal) ho do stavenf pustit’ nechtël. Ná dyá zmrz (au sens temporel), ten syn hned neyjedél co, tag ho zakopal do hnoje (ib., p. 431);
langue littér.: PALACKY: A ponévadz kaády skutek déjinny zále2f na zápasu, tudíz na sporu dvou stran, do kterého v2dy váânê lidské vãelijak se vplétajf: vëënymi zákony práva i spra- vedlivosti vyhledává se, aby svëdectvf obojí strany vyslycháno a nepredsudné uvazováno bylo. Kde toho nelze, protone ho s jed- né strany snad se nedostává, tam äetfiti sluäi pfi uvaíování jed- nostrannych zpráv tim opatrnêjãí kritiky (Dëjiny národu Ceského I, 1, introduction, en 1848);
MASARYK: A protone dnes obiané pravidlem jsou Slenem nëjaké strany, uplatfiuje se v parlamentarismu stranictvi, zto- toáiíuje se zájem celku s vyluënym zájmem stran a tudfZ nëko- lika osob, nëkdy osoby jedné (Svëtovà revoluce 1925, 543).
4. En dernier lieu, un bel exemple de l’objectivation de la manifestation linguistique dans une langue littéraire est, en tchèque, le degré d’emploi, dans la langue populaire et dans la langue littéraire, du verbe avec le datif enclitique du pronom réfléchi si (zpfval si pfsniëku), par օե s’exprime une attitude subjective, affective et émotionnelle, du sujet vis-ci-vis du prédicat verbal (forme affective). Ce moyen d’expression est très fréquent dans le langage populaire, mais beaucoup plus rare dans le langage littéraire, օե il disparaît d’autant plus qu’y prédomine davantage le caractère intellectuel; c’est pourquoi il a si peu pénétré dans les anciens textes.47
On peut donc constater que 1 a fonction de la langue littéraire exerce son action aussi sur la structure grammaticale de celle-ci: on y trouve des différences fonctionnelles analogues à celles du lexique. A la différence de la langue populaire, la structure de la langue littéraire est plus riche de plusieurs moyens d’expression, surtout pour la constitution de groupements complexes et ordonnés, ses moyens d’expression sont plus précis, plus souvent Ճ rôle unique et d’une différenciation plus spécialisée, mais en revanche elle est limitée quant aux moyens d’expression affectifs: ces traits caractéristiques de la structure grammaticale de la langue littéraire peuvent aisément s’expliquer par la tendance aux phrases-jugements, à l’expression de démarches de la pensée et de formulations cohérentes et complexes, à une manifestation linguistique abstraite et objectivée, Ճ la constitution d’une manifestation complète et fermée et enfin, — en même temps aussi — par la tendance Ճ s’égaler par les moyens d’expression a une langue littéraire évoluée, celle qui, dans le domaine et à l’époque en cause, est l’intermédiaire de la culture universelle (par ex. le latin au moyenâge).
Notes
1. Cf. MURKO, Deutsche Literaturzeitung 1914, pp. 3144 sqq., HUJER, Revue des Études Slaves I, 1921, pp. 54 sqq.; il faut, bien entendu, distinguer des débuts de la langue littéraire ceux de la période des témoignages accidentels de la langue tchèque, période qui commence к la fin du Xme siècle (cf. TRÂV- NÍCEK, Prispévky к déjinám jazyka ceského 1927, pp. 33 sqq.).
2. Cf. TRÀVNÍCEK, Zeitschrift fur slavische Philologie 4, 1927, 473.
3. Cf. M. WEINGART, O politickych a sociálních slozkách v star sich déjinách spisovnych jazyku slovanskych, zvlást’ církev- neslovanského. Sborník vénovany Jar. Bidlovi (Mélanges Bidlo), Prague 1928, p. 178.
4. Du «dialecte de culture», lequel constitue la base de la formation d’une langue littéraire, ainsi que le souligne avec raison LEHR-SPLAWINSKI dans le Przegld powszechny V, 1926, 322 sqq. (Problem pochodzenia polskiego jçzyka literackiego); LARIN, dans un article intitulé «O lingvisticeskom izucenii goroda», dans Russkaja ree, III, 1928, 61 sqq., fait ressortir l’importance des dialectes citadins pour la formation des langues littéraires.
5. Dans une conférence intitulée Ob izucenii literaturnych jazykov, et publiée dans Ucenyja zapiski Kazan, universiteta 1914, 3, p. 10 sqq., BOGOL’UBOV, pousse cependant trop loin l’identification des mots et des concepts dans les langues littéraires.
6. Cf. TROUBETZKOY, К problème russkogo samopo- znanija 1927, p. 54 sqq.
7. Cf. les caractères du langage monologué et du langage dialogué chez JAKUBINSKIJ, O dialogiceskoj reci, Russkaja ree 1, 1923, 96-194.
8. Cf. VONDRAK, Vyvoj soucasného spis. ces. jazyka 1926, 23; OBERPFALCER, J. A. Komenského mily a milostny jazyk matersk 1921, 61.
9. Cf. O. FISCHER, Brezinuv rym dans le « Tvar » 3, 1929, 68 sqq.
10. Dans la langue populaire il n’y a que des substantifs verbaux tout Ճ fait substantivés, par ex. spani. — Cf. cette distinction faite par VINOKUR dans son article intitulé « Glagol i imja dans le Russkaja rei » ?, 1928, 80 sq. — D’après KARCEVSKIJ, en russe c’est aussi le langage populaire qui ne fait jamais usage de substantifs verbaux ayant une valeur transposée et dont la forme est souvent empruntée au slave d’église cf. Karcevskij, Système du verbe russe (1927) p. 158.
11. Cf. mon article sur les adjectifs de cette valeur dans les langues littéraires slaves, Slavia VII, 1929, 766 sqq.
12. Cf. ma conférence O funkci jazyka spisovného, faite au 1er Congrès des professeurs tchécoslovaques de philosophie, de lettres, de grammaire et d’histoire à Prague 1929 et publiée dans le Sborník prednásek pronesenych na I. sjezdu cel. profesoru filosofi!, filologu a historikû 1929, օե je traite un peu plus en détail de ces différences fonctionnelles du lexique de la langue littéraire tchèque. — C’est MEILLET qui, en traitant la nature spéciale Ճ une langue littéraire dans un chapitre de son œuvre «Aperçu d’une histoire de la langue grecque (2e éd. 1920, pp. 81 sqq.) que l’on est obligé de citer ici encore plusieurs fois, montre que c’est par le vocabulaire que les langues littéraires tendent à se caractériser (pp. 85 sqq.).
13. high-front-wide.
13a. Cf. KASÍK dans les Listy filologické 41, 1914, 215.
14. Il y a lieu de bien distinguer entre ce changement de e long en i (y) long après consonne non palatale, et celui de e long primitif~après consonne palatale (rlci, etc.), lequel est certainement de date plus ancienne; e long dans cette position s’est identifié à S long primitif (transcrit ordinairement par ie); elong primitîî est aussi, assez souvent, écrit également avec ë long primitif même dans les manuscrits dits à iotation rigoureuse, par exemple drievo. striebro, etc., cf. Gebauer, Ûber die wei- chen e-Silben im Altböhmischen, Sitzungsberichte Wien. Akad. 1878, pp. 11 sqq., Hist, mluvn. I, 144 sqq.) et c’est des deux voyelles qu’est sorti sûrement en même temps, plus tard, i long, apparemment vers le milieu du XIVfeme siècle, cf. Gebauer, Histor. mluvn. I, 190 sqq.
15. GEBAUER dans sa Hist, mluvn. I, 213 (età sa suite Kasik 1. c.) cite même un cas, isolé, de diphtongaison après տլ: sejd, sejdíf stvi, tch. mod. sejdír. Mais il est clair que _i est devenu ouvert après s, z, r, j, c à une éjjoque plus tardive (dès le XVfeme siècle, cf.~DoIansky, “dans le Cas. ces. Mus. 1899, 366 sqq., et Gebauer, Hist. mluvn. I, 215), etle cas de pareille prétendue diphtongaison est (dans les dialectes tchèques) tout à fait isolé — (lorsqu’on constate des cas analogues, dans les dialectes de l’est de la Bohême, dans des désinences comme du- sej — Instr. Sing. —, ce sont des formes clairement faites par analogie d’après ulicej et autres). Dans le mot sejd, etc. on peut apparemment voir une contamination de tch. siditi (comp. slovaque sudit’, bas-sorabe suéié) avec le moyen-haut-allem, schiede - et scheid-(scheider, scheideman et schid(e)man « arbitre», schit, scheidspruch et schidspruch~sentence judiciaire»), avec une ironie culturelle curieuse, mais assez compréhensible; la même origine rend compte aussi de pol. szyderz, szyderstwo, szydzic avec y au lieu de -u-.
16. Cf. KASÍK dans les Listy Filologické 41, 1914, 215.
17. Les termes de divergence et de convergence sont employés dans le sens que leur donne Baudouin de Courtenay.
18. On peut supposer que ces changements ont pénétré dans la langue littéraire sans beaucoup de retard; est seule difficile à déterminer l’époque de la perte de 1 dans la langue Httéraire: du temps de Nudozersky (1603), elle ne se prononçait évidemment déjà, plus (cf. 8a Ex his liquidis Slavi r, Bohemi majori ex parte 1 non habent, ut illi r durum ubique sonant, ita istimolle. Haec itaque observatio pro utrisque non inutilis erit).
19. Dans la conférence déjà citée ici, ?. 5.
20. L. A. BULACHOVSKIJ, qui a le premier, je crois, montré les conséquences de l’homonymie dans les langues slaves (dans la Revue des Études Slaves VIII, 1928, 68 sqq., et Russkaja ree III, 1928, 47 sqq.), considère le tchèque comme très tolérant pour les homonymes, ce que je ne puis approuver.
21. A. FRINTA, O vlivu písma na vyslovnost naseho jazyka, dans le Slovansky sbornik vénovan prof. Fr. Pastrnkovi (Mélanges Pastrnek) 1923, 113 sqq.
22. D’après MEILLET une langue littéraire n’a pas en général d’éléments phonétiques inconnus à la langue courante correspondante (cf. son œuvre cité ici, n. 12).
23. Cf. A. BRUCKNER et TAD. LEHR-SPLAWINSKI, Zarys dziejdw literatur i jezyków literackich slowianskich 1929, 193; de même, selon l’opinion de Troubetzkoy, le système du hongrois s’est adapté aux voisins slaves (par ex. l’accent passé de la dernière syllabe sur la première). — En polonais littéraire les voyelles a, e, u (écrit 6) normales correspondent aux dites voyelles, par ex. pan, kobieta, gród.
24. A certains e (brefs ou longs, l’ancien e) de la prononciation ékavienne répond je_ ou ije (je correspondant à e bref, ije à e long) dans la prononciation jékavienne, par ex. mleko, ml ekar — mljeko, mljekar?
25. Cf. HUS, Vyklad viery, desatera Bozieho prikázanie a modlitby Pànë, chap. 40 (édition Erben 1, 133 sqq.).
26. FLAJSHANS, dans l’ouvrage intitulé Nás jazyk mater - sky, 1924, p. 173, explique la réduction de «1 multiple et de _i/y» par i’influence de la colonisation allemande et du latin médiéval, mais sans précision et sans clarté au point de vue méthode: il ne s’agit pas ici d’une action directe de l’allemand (ou du latin) sur le tchèque, pareille action serait inintelligible, mais de l’influence des colons allemands tchèquisés.
27. Dans ses articles sur les homonymes des langues slaves (cf. ici, n. 20), BULACHOVSKIJ signale ce trait, fort répandu, de la déclinaison slave et donne Ճ ces formes homonymes le nom d’homomorphèmes (Russkaja ree ?, 1928, 49).
28. Cf. GEBAUER, Histor. mluvn. ?, 1, 132 sqq.
29. C’est pourquoi, aussi longtemps qu’en linguistique on a analysé surtout la langue littéraire, les autres phrases étaient considérées comme incomplètes, comme des équivalents de phrases, etc.; les études récentes, et, chez nous, surtout ZUBATY, — ont montré que, précisément, ces phrases «non normales» constituent et ont constitué une part considérable des manifestations linguistiques, bien entendu dans le langage parlé, notamment dans le dialogue.
30. Cette fonction du passif (limitée aux langues littéraires, surtout écrites), qui apparaît comme un doublet de l’actif: sujet (agens) +verbe + complément (patiens) et sujet (patiens) + verbe + complément (agens), c’est K. F. SUDÉN qui l’a formulée avec le plus de précision dans son ouvrage intitulé The predicational categories in English (Upsala Univers. Årskrift 1916), p. 31; elle est souvent tenue pour la fonction essentielle et unique du passif, сотр. Ovs’aniko-Kulikovskij, Sintaksis russkago jazyka, pp. 125 sqq. Mais il faut distinguer de cette fonction la fonction ordinaire du passif dans les langues slaves: le passif est un moyen d’exprimer?!?action sans agent exprimé — cf. mes Genera verbi v slovanskych jazycích I, 1928, pp. 15 sqq. —, laquelle fonction est, d’une manière générale, la fonction ordinaire du passif dans les anciennes langues indo-européennes (cf. MEILLET, Linguistique historique et linguistique générale 1921, pp. 195 sqq.: «le vrai rôle du passif est d’exprimer le procès 1? oh l’agent n’est pas considéré»).
31. Cf. V. MATHESIUS, Jíékolik poznámek o funkei podmëtu v moderni anglictinë, dans le Casopis pro moderni filologii X, 1924, pp. 244 sqq., ainsi que sa conférence intitulée Funkcni mluvnice, jeji podstata, rozsah a vyznam, faite au Ier Congrès des professeurs tchécoslovaques de philosophie, de lettres, de grammaire et d’histoire b Prague 1929, et publiée dans le Sbornik pfednásek pronesenych na I. sjezdu esl. profesoru filosofu, filo- logu a historiku 1929.
32. Cf. mes Genera verbi v slovanskych jazycich I (2e partie), §214, §236 et pour le slave d’église chvaliir jestb, §233.
33. Dans les traductions des évangiles en vieux-slave, le passif grec est encore traduit le plus souvent des verbes réfléchis, par ex. Marc V, 4: prëtrbzaacho se ofbàego o2a zelezna i pota s?bkruãaacho sç ( òieaitácrdai Ùh’ccÔtoO t&ç àXtfaeiç nat xàç nébaç аиутетр(Г<(>-&аи), de même en vieux-tchèque on trouve le verbe réfléchi dans le rôle de passif avec agent exprimé là օե le tchèque moderne ne l’emploie pas, par ex. dans le fragment de Bible du XIVe siècle, Gen. 39, 3 < muz> velmi dobre znáse, ze jest hospodin s nim a vsecky veci, kteréz cinil, ‘2e se od nëho spravuji v ruce jeho (Vést. s. Akademie 11, 314 — qui op- time noverai Dominum esse cum eo et omnia, quae ger er et, ab eo dirigi in manu illius).
34. Cf. TRÀVNÍCEK, Samostatné cásti véty v cestinë, Sl avi a VII, 1929, p. 808 sqq.
35. Cf. GEBAUER, Histor. mluvnice (Skladba, éditee par Trávnícek 1929), pp. 603 sqq., 615 et 628, V. ZIKMUND, Skladba jazyka 2eského,_ pp. 676 sqq., souvent par ex.” chez KOMENSK?, cf. Labyrint s vë է a, éd. par Bily, p. XXXII, et l’étude d’Oberpfal- cer, déjà citée ici (n. 8), p. 63; ROSA admet les participes absolus dans sa grammaire tchèque (Grammatica linguae bohemicae 1672, p. 301).
36. Cf. son Ausfuhrliches Lehrgebäude der böhmischen Sprache 1809, p. 344, et en termes plus nets encore dans la 2e éd. 1819, p. 268.
37. Cf. GEBAUER, Histor. mluvnice IV, pp. 601 sqq., 617 et 629.
38. Cf. exemples dans GEBAUER, Histor. mluvnice IV, p. 627; dans les Listy filologické 2, 1875, 132 et surtout, en grand nombre, tirés de la BIBLE KRALICKÁ, dans le Casopis Ces. musea 1870, 247 sqq., de KOMENSKf dans le Labyrint svèta, éd. par Bily, p. XXXIII et dans l’étude d’Oberpfalcer, déjà, citée ici (n. 8), p. 62 sqq.
39. Dans le Casopis Ces. Musea 1870, p. 249 sqq. et dans les Listy filologické 2, 187 5, 135 sqq.
40. TRÀVNÍCEK insiste sur ce point dans Slavia VII, 1929,
41. En vieux-tchèque, chez les théoriciens des siècles XVIe et suivants comme dans les textes, par ex. dans la BIBLE KRALICKÁ, le partie, prés, a au fém. sg. les formes du type jduc, mane, trpëc(i), etc. — mais aussi les formes du type jdouc, majic trplc —, cf. Gebauer, Histor. mluvnice III, 2, 87 sqq., Nudzersky 56 sqq., Rosa 134 sqq., Vondrák, Vyvoj soucas. spis. jazyka öeského, 19 sqq.; dans la langue littéraire moderne, grâce surtout à Dobrovsky, n’existent que les seules formes jdouc, majic, trpic.
42. Cf. l’étude de VINOKUR, déjà citée ici n. 10, p. 87 sqq.
43. En français les abstraits correspondant à des verbes ont souvent une forme latine, née donc clairement dans la langue littéraire, par ex. réception à recevoir, A. MEILLET dans l’ouvrage cité ici, n. 12, p. ԳԾ-, en russe ils ont souvent la forme du slave d’église (-ание, -ение).
44. П faut ranger ici aussi les adjectifs du vieux-tchèque en -úcí (-ujúcí, -êjúcí), qui apparaissent, dès le début, dans les traductions du psautier et autres textes bibliques, par ex. clovëk neslyáúcí dans le Ps. klem. 37, 15 (non audiens), svëtlost horie- cie a svietëjicie dans l’Evang. de Vienne, Jean 5, 35 (lucerna ardens et lucens), cf. GEBAUER dans les Listy filologické 14, 367 sqq. et Histor. mluvnice III, 2, 89 sqq.
45. Ils n’ont été introduits en tchèque qu’au début du XIXme siècle, sans doute par JUNGMANN ou par son école, cf. Vondrák, Vf-voj soucas. spis. jazyka ces., 1926, 49.
46. C’est MEILLET qui traite la structure des phrases propres aux langues littéraires dans son ouvrage déjà cité ici, n. 12.
47. Cf. mes Genera verbi v slovanskych jazycích I, 1928, pp. 18 sqq., 102.
*From Travaux du Cercle Linguistique de Prague, I, 106-120 (1929).
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